Une Constitution sexiste bientôt adoptée au Népal ?

Après un statu quo démocratique de sept ans, le Népal s’apprête à adopter une Constitution, censée rétablir la paix dans le pays. Seulement, la première version du texte laisse présager des mesures discriminatoires envers les femmes en matière de nationalité ou encore d'avortement.

Après de longues années d’instabilité politique, le Népal est enfin en voie de se doter d'une Constitution. Mais la première version présentée par le gouvernement fait craindre des mesures discriminatoires envers les femmes, notamment en matière de nationalité, d'avortement ou d'héritage. Alors que la Constitution actuelle, adoptée en 2006, prévoit d’accorder la nationalité aux enfants qui ont au moins un parent de nationalité népalaise, le nouveau projet penche vers un retour aux traditions selon lesquelles seuls les enfants nés d’un père népalais se verraient accorder la nationalité du pays. Les enfants de femmes népalaises mariées à un étranger seraient alors mis au ban de la société, en sachant qu’au Népal, disposer de ce précieux sésame est indispensable pour ouvrir un compte bancaire ou passer le permis de conduire.
Le premier jet de cette Constitution est également plus restrictif vis-à-vis du droit à l’avortement, établi en 2002. Le document stipule l’interdiction des avortements sélectifs. Une précision que les féministes voient comme un risque que les femmes soient accusées injustement après avoir interrompu leur grossesse.     
En matière d'héritage, là encore, les femmes semblent lésées. Alors que les responsables politiques à l’origine de ce projet devaient garantir l’octroiement de l’héritage à parts égales, c'est la mention "tous les enfants" et non "les garçons et les filles" qui apparaît sur le document. Un manque de précision qui pourrait prêter à confusion et qui revient à nier l'identité des femmes dans cette société fortement patriarcale. Bhim Rawal, membre de la coalition qui a aidé à rédiger le document, dément la misogynie de ce texte. "La Constitution n'est pas anti-femmes. Chaque pays met en place des dispositions pour protéger son identité et sa souveraineté", a-t-il déclaré. Un comité a été instauré pour que des discussions entre politiques mais aussi avec le peuple aient lieu, pour arriver à une version définitive de la Constitution népalaise.

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