Fatima Al Ifriki, Maroc

Fatima Al Ifriki
Journaliste et productrice
"Je suis désormais libre. Mes chaînes, je les ai brisées." Ces paroles, ce sont celles de Fatima Al Ifriki, journaliste marocaine au parcours singulier. Née à Rabat, fille d’un policier et d’une mère au foyer, Fatima choisit le journalisme un peu par hasard et devient en quelques années, une des animatrices vedettes de la chaîne de télévision nationale.
Malgré son succès professionnel, en cette fin d’année 2010, Fatima est inquiète. Les bouleversements dans le monde arabe l’interpelle. Au Maroc, le vote d’une nouvelle Constitution en juillet 2011 ne suffira pas à calmer les esprits qui s’échauffent, glaneurs de rêve et d’espoir pour toute une génération. Le Mouvement du 20 février naît de cette exaltation. Pour Fatima Al Ifriki, c’est  aussi une renaissance. "Ces jeunes, ces enfants réclamaient ce dont j’avais toujours rêvé. Ils demandaient la liberté de s’exprimer, de dire ce qu’ils pensaient alors que nous, l’élite de ce pays, n’avions jamais osé aller aussi loin", se rappelle-t-elle.
La journaliste s’engage alors pleinement en faveur de la liberté d’expression et d’information. Sa direction décide sa mise en placard. Qu’à cela ne tienne ! C’est par ses contributions hebdomadaires dans des journaux arabophones tels Akhbar Al Yaoum, qu’elle fera entendre sa voix critique, rare au Maroc.
Menacée en 2013, la chroniqueuse cesse un temps d’écrire pour protéger sa famille. Quelques mois plus tard, elle trempe de nouveau sa plume et collabore depuis avec le journal électronique Zenka20. Fatima est parmi les premières à dénoncer l’arrestation d’Ali Anouzla, en septembre 2013. Elle pilotera  son comité de soutien jusqu’à sa libération.
Si la peur des représailles plane encore, le courage et la volonté de cette journaliste demeurent intacts, comme peut en témoigner la création de "Freedom Now" en 2013, association de défense de la liberté de la presse, fondée au côté de noms prestigieux parmi lesquels Khadidja Riyadi, militante et lauréate du Prix 2013 des Nations unies pour la cause des droits de l’homme. Cette association s’est pourtant vue signifier une fin de non-recevoir lors de son enregistrement, preuve que le chemin vers la liberté reste encore long et sinueux.