Les jeux de mots, censurés en Chine

Calembours, contrepèteries et autres mots d'esprit font actuellement l'objet d'une censure dans l'empire du Milieu. Selon le gouvernement, les jeux de mots seraient une atteinte à la pureté de la langue. Et ce n'est même pas de l'humour...

Les politiciens chinois manquent probablement d'humour puisque les jeux de mots ne les font pas rire. Au contraire, selon The Guardian, les calembours pourraient mener la Chine vers un "chaos culturel et linguistique" si l'on en croit ses politiciens. Toujours d'après les officiels du gouvernement, les manipulations de sens risqueraient de tromper le public et l'induire en erreur, surtout les enfants qui ne maîtrisent pas toujours parfaitement la langue. 
Selon The New Yok Times, afin d'instaurer un semblant de liberté, le gouvernement a décidé, en 2012, de censurer les blogs en fonction du nombre de points qu'ils possèdent. Ils commencent tous avec un crédit de 80 points et chaque plainte d'un internaute ou chaque commentaire considéré comme "obscène" en fait perdre. Lorsque le site atteint 0, l'administrateur ne peut plus se rendre sur son blog. Il doit alors attendre deux mois pour récupérer la totalité de son solde.
Afin de contrer cette censure, les internautes ont élaboré une stratégie : les calembours et autres homonymes. Pour cela, leur fer de lance est un petit alpaga qui se fait appeler Ca Ni Ma, un nom qui, s'il est mal prononcé, s'approche énormément de l'insulte "Nique ta mère". Les utilisateurs d'Internet considèrent alors que censurer toute mention de cette bête alors qu'elle n'est pas obscène n'a aucun sens. 
L'artiste dissident Ai Weiwei a d'ailleurs posé nu avec une statue du petit animal avec comme légende "cheval de l'herbe et de la boue couvrant le milieu", titre qui ressemble énormément (en chinois) à la phrase "nique le comité central du Parti communiste".

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L'alpaga est maintenant le symbole de la résistance à la censure en Chine © Eugene Hoshiko AP SIPA