La violence, une histoire de gènes ?

L'agressivité pourrait être une affaire génétique. Lors d'une étude, des scientifiques ont trouvé une plus forte proportion de deux gènes mutés chez des délinquants.

Y'aurait-il une prédisposition génétique à la violence ? Une étude relance le débat en affirmant que l'on retrouverait à "une fréquence nettement plus élevée" deux gènes mutés chez des délinquants violents.
Ces conclusions de spécialistes, publiées dans la revue Molecular Psychiatry, sont toutefois accompagnées d'une mise en garde : ces gênes ne conduiraient pas obligatoirement à un comportement criminel.
Cette recherche, qui a été menée sur 800 détenus finlandais, a exposé la présence des gènes MAOA et CDH13 dans l'organisme des prisonniers. Ils seraient "associés à des comportements extrêmement violents". Toutefois, les scientifiques notent que cette étude n'a pas été réalisée pour conclure sur l'impact réel de ces gènes sur la violence et que de nombreux autres gènes, ou facteurs, peuvent jouer un rôle direct ou indirect dans son exercice.
En revanche, les antécédents d'abus de substances, l'asociabilité et les maltraitances ont été prises en compte et n'ont pas modifié le résultat. "Nous avons trouvé deux gènes qui ont l'effet le plus important sur le comportement agressif et il y a probablement des dizaines ou des centaines d'autres gènes qui ont un effet moindre", explique le co-auteur de l'étude Jari Tiihonen.
Le gène MAOA commande une enzyme qui intervient dans l'élimination de neurotransmetteurs et sa forme mutante a un niveau d'activité diminuée. Ce niveau d'activité réduit a déjà été évoqué comme un lien au risque de violence. Quant au gène CDH13, il est impliqué dans les troubles liés au contrôle de l'impulsivité.
Pas de panique si vous êtes porteur de ces gênes : ils sont tous deux relativement courants dans la population. Une personne sur cinq est porteuse et la majorité ne commettra aucun crime violent. A cela s'ajoute le fait que les criminels n'en étaient pas tous porteurs. Jari Tiihonen indique que ces résultats ne sont pas encore assez précis pour permettre un dépistage. De plus, il précise qu'ils n'enlèvent pas la responsabilité pénale des porteurs. John Stein, Professeur émérite de Physiologie à l'université d'Oxford, tient aussi à nuancer toute idée de "gène de la violence". "Cette étude est très intéressante (...) Mais s'il vous plait, n'acceptez pas les clameurs qui veulent que ces allèles soient 'responsables de 5 à 10 pour cent des violences en Finlande'. Tout ce qu'elle montre, c'est qu'ils peuvent contribuer à 5- 10 % aux chances qu'un individu puisse être très violent", affirme-t-il.

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Une étude a trouvé une plus grande proportion de gènes mutés, pouvant être liés à la violence, à "une fréquence nettement plus  élevée" chez les délinquants violents. © Dan Race - Fotolia.com