Charia : Anna Wintour appelle au boycott du Meurice

Pour protester contre l'instauration de la loi islamique sur l'île de Bornéo par le sultan de Bruneï, des personnalités appellent au boycott des établissements dont il est propriétaire. En chef de file : Anna Wintour. Dans sa ligne de mire : le Meurice à Paris.

Exit le défilé de stars. Le comédien britannique Stephen Fry, l'animatrice de télévision américaine Ellen DeGeneres, le PDG François Henri Pinault ou encore la rédactrice en chef de Vogue Anna Wintour : toutes ces personnalités ont appelé au boycott via les réseaux sociaux des chaînes d'hôtel appartenant au sultan de Bruneï, Hassanak Bolkiah. La papesse de la mode apparaît sur la campagne de l'ONG The Human Rights Campaign, qui reprend les propos qu'elle avait tenu le 23 mai au New York Times à savoir qu'elle ne pouvait "en conscience" continuer de descendre au Meurice à Paris bien qu'elle l'affectionne, "de même que les rédacteurs en chef de Vogue", et ce, malgré le "fort impact que la situation peut avoir sur l'équipe" du palace de la rue de Rivoli. Et d'évoquer le risque que les "hôtels de la Dorchester Collection soient désertés au profit de la concurrence" pendant les prochaines fashion weeks  à Londres, Milan et Paris. Les raisons de son "désamour" ? Non pas la qualité du room service mais l'introduction de la Charia dans l'Etat de Bornéo, dirigé par le très puissant et très riche sultan. Une nouvelle législation qui prévoit l'amputation de membres pour les voleurs, la flagellation pour la consommation d'alcool ou l'avortement, ainsi que la lapidation pour divers crimes.
Les salariés paient. Le groupe Dorchester Collection, qui appartient à l'Agence d'investissement de Brunei, un fonds souverain contrôlé par le sultanat, compte dix hôtels de luxe dans lesquels se bousculent des personnalités riches et très en vue : les palaces parisiens Plaza Athénée et Meurice, le Dorchester et 45 Park Lane à Londres, le Principe di Savoia à Milan, mais aussi le Coworth Park à Ascot, le Richemond à Genève, l'Eden à Rome, ainsi que le Bel-Air et le Beverly Hills Hotel à Los Angeles. Le directeur général de Dorchester Collection, François Delahaye, qui assure ne pas défendre la charia, "loin de là" s'est dit "stupéfait de voir l'ampleur que cette affaire prend", et s'est montré inquiet de l'impact du boycott pour les 3.500 salariés. "C'est de l'acharnement. Et les seules personnes qui vont être affectées par ce boycott, ce sont les 3.500 salariés du groupe, certainement pas le sultan", a-t-il estimé. 
Un soutien politique. Le boycott qui a semble-t-il déjà impacté les établissements concernés – des annulations ont déjà été enregistrées – a depuis reçu le soutien du commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht. Le commissaire belge "soutient la campagne de sensibilisation contre la loi inacceptable sur la charia, via le boycottage des hôtels Dorchester par de nombreuses personnalités internationales", a annoncé son porte parole sur son compte Twitter. Les Nations unies ont par ailleurs exprimé leur "profonde inquiétude" et l'ONG Human Rights Watch a dénoncé des "châtiments moyenâgeux".

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La campagne de l'ONG Human Rights Campaign sur laquelle Anna Wintour apparaît © Twitter Human Rights Campaign