Anne Hidalgo, la première femme maire de Paris
La candidate PS succède à Bertrand Delanoë. Et sauve l'honneur d'un camp socialiste défait.
Anne Hidalgo n'est plus la dauphine, ni l'héritière. Elle est parvenue à sauver l'honneur d'un camp socialiste ravagé et devient la première femme maire de Paris. D'un tweet très concis, elle a acté très vite cette victoire hier soir. : "Merci Paris". Son score est sans appel: 53,34% des voix pour le PS et ses alliées contre 44,06% pour Nathalie Kosciusko-Morizet.
Hidalgo est récompensée de sa fidélité. Durant les deux mandatures précédentes, elle et loyal a été le principal lieutenant de Bertrand Delanoë dans la conduite des affaires de Paris. Quand en 2012, elle s'est lancée dans la bataille municipale, il y avait encore de l'incrédulité dans l'air, y compris dans les rangs socialistes parisiens. Lesquels ont fini par valider sa candidature avec un score de voix quasi-soviétique.
Engagée dans cette folle course, Anne Hidalgo n'avait pas véritablement de notoriété. Malgré le soutien de Delanoë, elle semblait vouée au rôle d'éternel numéro deux, oeuvrant dans la discrétion, avec efficacité mais sans grand panache. Depuis, elle a mené une campagne intense, de terrain, sans relâche. L'ancienne Inspectrice de travail, formée à l'école Aubry, dont elle fût conseillère technique au Ministère de l'Emploi et de la Solidarité en 1997, a montré qu'elle était tenace. Le visage de cette brune déterminée qui s'affiche sur les murs de la ville est progressivement devenu familier aux Parisiens.
Bertrand Delanoë l'a mise en selle dès 2009, estimant qu'elle pourrait faire un très bon maire de Paris. Entre ces deux-là, c'est la parfaite entente depuis toujours. C'est sur le même ton qu'il clôt avec elle son dernier meeting de campagne au Cirque d'hiver, dans le XIème arrondissement de Paris, le 14 mars: dernier: "Anne, tu mérites d'être maire de Paris ", lui dit-il. Avant de verser dans un certain romantisme, "avec Anne Hidalgo, Paris restera la capitale de l'amour !"
Anne Hidalgo a ce pedigree qu'aime la gauche idéaliste : née en Andalousie, elle est fille d'immigrés espagnols, qui ont fui le franquisme et la misère pour venir élever leurs deux filles à Lyon. Et petite-fille d'un Républicain espagnol qui se vit condamné à mort, mais ne fût pas exécuté. Agée de bientôt 55 ans, la nouvelle patronne de Paris est mère de trois enfants. Ses deux aînés, un fils avocat, une fille ingénieure, sont nés de son premier mariage. Avec son polytechnicien de mari, Jean-Marc Germain, député socialiste des Hauts-de-Seine, forgé comme elle par son parcours auprès de Martine Aubry, elle a eu un autre garçon, né en 2002.
On la disait douce, et relativement effacée. Elle est ferme, et parfois autoritaire, disent ses alliés. Un gant de fer dans une main de velours. " Oser Paris ", c'était son slogan. Faire rêver Paris, ce sera une toute autre histoire...