Ne dites plus ASAP, compris ?

Votre boss vous demande de boucler un dossier "ASAP", à moins que ce ne soit vous qui lui répondiez par cet acronyme pour signifier votre réactivité ? Grave erreur !

Disponibilité. Efficacité. Branchitude. L'emploi de l'anglicisme "ASAP", acronyme d'"As Soon As Possible" ("dès que possible") est fréquent dans les échanges de mails et, plus généralement, dans le jargon professionnel pour qualifier une tâche à accomplir rapidement.
Pourtant, l'utilisation de ce terme frôle l'infamie à en croire l'Académie Française. "Cette abréviation, qui est loin d'être transparente, semble cumuler la plupart des vices d'une langue qui cache son caractère méprisant et comminatoire sous les oripeaux d'une modernité de pacotille. L'emploi de formes françaises développées serait plus pertinent et n'aurait pas ce désagréable caractère d'injonction. Et il y a fort à parier que le caractère d'urgence d'une requête pourrait être marqué avec plus d'urbanité et que la réponse ne tarderait pas plus".

On dit                                              On ne dit pas                                                            

Répondre dès que possible                        Répondre asap

À retourner dès que vous pourrez              À retourner asap

Voici ce qu'on peut lire sur une notice publiée sur le site de la vénérable institution. Pourquoi tant de haine (de snobisme ?) de la part des Immortels  vis-à-vis de ce sigle devenu un mot ordinaire ? On s'interroge, mais ces recommandations et leur ton conspuant ont choqué outre-Manche.
The Guardian, quotidien d'information britannique, référence de l'intelligentsia, des enseignants et des syndicalistes, s'est fendu d'un article sur cette  "condamnation ignominieuse" des Académiciens.
Dans un autre édito, le journal salue ironiquement la "bravoure" des 40 défenseurs de la langue de Molière face à ce barbarisme. Des "Canuts" qui "affrontent la marée de l'évolution" et rejettent avec véhémence " flyer" (pour feuille volante, "digital" (pour numérique) et "cash" (pour payer comptant), "tandis que chaque année, les compilateurs de l'Oxford English Dictionary capitulent, et célèbrent même, l'arrivée sur nos terres de monstruosités comme "selfie", "binge-watch" et "twerk"".

Préserver la langue française, oui. Semer la zizanie au Royaume d'Elisabeth II et s'attirer les foudres des Anglais pour une question de vocable, il ne faut pas exagérer. A moins que nos chers membres en habit vert ne soient prêts à dégainer l'épée ?