Le pape François, icône... de mode

Désigné "personnalité de l'année 2013" par le Time, le pape François -peut également se targuer d'être "l'homme le mieux habillé" selon Esquire. Le titre reconnaît qu'il s'agit d'un titre peu conventionnel, mais justifié. "Les choix vestimentaires du pape François ont subtilement annoncé une nouvelle ère pour l'Eglise catholique", explique Esquire. 

L'humilité, nouveau credo fashion
Né le 17 décembre 1936 dans la capitale argentine, d'un couple d'immigrés italiens (son père, originaire de la région de Turin, était cheminot, sa mère s'occupait du foyer et de ses cinq enfants) l'ex-archevêque de Buenos Aires, ingénieur chimiste et philosophe de formation, affiche simplicité et jovialité. Ce qui plait le plus chez Jorge Mario Bergoglio ? L'absence de bijoux de luxe ou de capes en fourrure qu'affectionnaient ses prédécesseurs. Les tenues ostentatoires sont remisées au placard et remplacées par un vestiaire plus modeste.

Relooking
Depuis 1798, les Gammarelli (artisans tailleurs de pères en fils) habillent les papes sur mesure, dans les plus beaux tissus, mais Benoît XVI avait changé de crémerie abandonnant le fournisseur officiel du Vatican pour nommer un nouveau créateur, porté sur le bling-bling. Le pape François est revenu à la maison mère et sa garde-robe est d'une sobriété à toute épreuve.

L'Eglise, bien dans ses bottes
Si les prêtres d'Israël officient pieds nus dans leur temple, le dignitaire chrétien doit porter une chaussure spéciale dès qu'il s'approche de l'autel. La sandale moderne -c'est-à-dire après le Concile de Trente en 1563- est une chaussure fermée, à talon plat, qui s'attache sur le coup de pied par des rubans. Elle est en soie unie, mais les prélats n'ont pas négligé les broderies et les ornements en passementerie. SaSainteté le pape François a laissé tomber les souliers rubis que les fidèles baisaient fiévreusement et c'est lui qui lave les pieds des plus démunis. Pour vaquer aux affaires du palais, il garde ses sneakers noires.

"Rubea calciamenta papalia"

Le rouge est la couleur du pouvoir et de l'autorité, celle des rois et des grands de ce monde, dont les vêtements étaient trempés dans la pourpre provenant d'un coquillage appelé murex. Les vêtements blancs que le souverain pontife préfère symbolisent l'innocence et la charité. Impossible, en revanche, de faire l'impasse sur les  mi-bas (chaussettes) en fil d'écosse aux couleurs des temps liturgiques: blanc, vert, rouge, fuchsia cardinalissime, violet de pénitence, noir du vendredi saint...

Un rien d'accessoire
Le Saint-Père ne reçoit aucun salaire (contrairement aux cardinaux qui perçoivent 2 500 euros), mais il est défrayé de tout. Une fois par an, à l'occasion de la journée d'offrande de la fête de Saint-Paul et Saint-Pierre, le 29 juillet, les fidèles lui donnent croix pectorales, boutons de manchette ou montres. Peu porté sur la joaillerie, le pape François enfile seulement, à l'annulaire droit, l'anneau du pécheur : une "bague à sceller", avec laquelle les documents importants et les archives étaient autrefois marqués. Cette alliance est censé renforcer sa fidélité au Christ et lui rappeler sa responsabilité au sein de l'Eglise.

Nouveau souffle, mais santé fragile
Pour ses audiences sur la place Saint-Pierre, Benoît XVI portait fièrement le "galero", un chapeau écarlate à larges bords et brodé d'or. En hiver, il arborait le "camauro", une pèlerine courte d'inspiration médiévale en velours rouge bordé d'hermine blanche avec un petit capuchon. Exit mozettes et tout le tralala. Le pape François a conservé les soutanes de ses prédécesseurs qu'il agrémente parfois d'une écharpe, pour protéger ses voies respiratoires. (Si celles du Seigneur sont impénétrables...) notre ecclésiaste craint pour sa santé. Il vit avec un seul poumon, l'autre lui ayant été retiré après une infection. Sa coiffe –qui ressemble à un bonnet- est une barrette blanche et se nomme en latin "pileolus". Cette calotte appartient à l'habillement habituel et n'est ôtée que devant le Tout-Puissant.

Leader moral et spirituel de plus d'un milliard de Catholiques, le pape François ne se laisse pas aveugler par les strass et les paillettes. Fan du ballon rond, il se lève à 4h30 tous les matins, déjeune souvent d'un sandwich et lit la presse avec minutie. En neuf mois, il a su placer au centre des discussions : la richesse et la pauvreté, l'équité et la justice, la transparence, la modernité, la mondialisation, le rôle de la femme, la nature du mariage, les tentations du pouvoir.
Si l'habit ne fait pas le moine, le style du pape François reflète sa modestie et son ouverture d'esprit.