Prothèses PIP : enfin le procès

Le très attendu procès des prothèses mammaires frauduleuses PIP s'est ouvert pour un mois à Marseille. Retour sur un scandale.

A l'audience, Jean-Claude Mas, 73 ans, le fondateur de la société de la Seyne-sur-Mer (Var) au coeur de la polémique se retrouve pour la première fois face aux victimes de la fraude, des femmes qu'il avait accusées, lors de son audition par les gendarmes, de porter plainte "pour le fric".
Dans ce procès pour "tromperie aggravée" et "escroquerie", elles sont quelque 5 250 plaignantes, françaises pour l'essentiel, sur plus de 300 000 porteuses de la marque Poly Implant Prothèse dans environ 65 pays.

Un nombre tel qu'il a généré un déploiement inédit à Marseille, où un centre de congrès a été mobilisé pour installer, sur 4 800 m2 et pour 800 000 euros, le prétoire et ses salles attenantes.

Jusqu'au 17 mai, le tribunal correctionnel étudiera comment PIP a pu remplir pendant dix ans ses prothèses d'un gel de silicone industriel non autorisé, déjouant les contrôles de TUV, son certificateur, et ce jusqu'à sa liquidation judiciaire en mars 2010 après une alerte de l'Agence des produits médicaux (ANSM).
Il se penchera sur les responsabilités de chacun de cinq prévenus: M. Mas, qui pendant l'enquête a assumé voire revendiqué la manipulation, mais aussi son ancien bras droit Claude Couty, la directrice de la qualité Hannelore Font, le directeur technique Loïc Gossart et le directeur produits Thierry Brinon, Tous encourent cinq ans de prison et sont par ailleurs mis en examen pour "blessures involontaires" dans un autre volet judiciaire toujours à l'instruction à Marseille.
Pas d'indemnisations majeures en vue en revanche pour les victimes, sur fond d'insolvabilité des prévenus - M. Mas et son ex-DG sont mis en examen dans une enquête en cours sur le sort des fonds générés par la fraude.

En garde à vue, Mas, a admis avoir utilisé pour des raisons financières (un million d'euros de gain annuel, selon l'enquête), un "gel maison" non conforme pour la fabrication de ses prothèses mais a nié que celles-ci soient plus dangereuses que celles de la concurrence.

Selon l'ANSM, sur l'ensemble des prothèses retirées depuis le début du scandale, un quart étaient défectueuses (enveloppe rompue, écoulement de gel), provoquant notamment des réactions inflammatoires - sans que les autorités relèvent un risque accru de cancer.

Le gouvernement français a recommandé, par précaution, le 24 décembre 2011, le retrait des implants PIP. L'ANSM recommande de renforcer la surveillance de tous les autres implants mammaires en silicone.

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