Ni Putes Ni Soumises : 10 ans de lutte

L'association Ni Putes Ni Soumises se bat depuis 10 ans pour l'égalité des droits entre les hommes et les femmes. Le mouvement a fait de la lutte contre la violence faites aux femmes, son cheval de bataille. Retour sur une décennie d'actions.

2003. Le mouvement féministe nait d'un drame, celui de la jeune Sohane, brûlée vive par son petit-ami en octobre 2002. L'horreur de ce crime provoque un électrochoc parce qu'il intervient après de nombreuses atrocités commises contre des femmes ayant refusé de se soumettre à leur compagnon. Ainsi, du 1er février au 8 mars 2003, Fadela Amara organise la "Marche des femmes des quartiers pour l'égalité et contre les ghettos". Les marcheurs multiplient les rencontres et les discussions sur les violences faites aux femmes dans 23 villes. L'organisation Ni Putes Ni Soumises est née. Le 14 avril le mouvement se constitue en association de loi 1901 et nomme à sa tête Fadela Amara.
Quelques mois après la naissance des NPSN, les militantes endossent le rôle de Marianne pour une exposition baptisée "Les Mariannes d'aujourd'hui". L'événement débute le 14 juillet, jour de la fête nationale, et dure jusqu'à la fin de l'été. Quatorze portraits de femmes françaises de toutes origines arborant bonnet phrygien et cocarde tricolore s'affichent fièrement sur les colonnes de l'Assemblée Nationale. "Marianne, c'est un peu chacune d'entre nous", "Marianne, c'est avant tout une femme : elle ne gère pas les relations humaines par la violence", pouvait-on lire sur les affiches.

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Fadela Amara défile à paris le 8 mars 2003 lors de la marche des femmes des quartiers pour l'égalité. © HALEY/SIPA

2004-2005, la consolidation. Un an après la marche pour l'égalité, le mouvement lance "le Tour de France Républicain". Du 1er février au 6 mars, Ni Putes Ni Soumises parcourt 20 villes afin de débattre et d'échanger autour de questions portant sur la laïcité, les violences sociales, les discriminations, les violences faites aux femmes, et l'égalité des sexes. Le fameux slogan "Laïcité, Egalité, Mixité" est créé et deviendra le leitmotiv du mouvement.

 

En 2005, Ni Putes Ni Soumises publie en Une du Nouvel Observateur et dans Marianne, un appel retentissant : "L'Appel pour un nouveau combat féministe". Dénonçant les violences faites aux femmes (l'excision, la polygamie, les mariages forcés...), il est signé par des élus de gauche et de droite, des associations, des personnalités. 

2007-2008 : les changements. En juin 2007, Fadela Amara est nommée secrétaire d'État chargée de la politique de la ville. C'est alors Sihem Habchi qui la remplace alors que Bouchera Azzouz est élue secrétaire générale. Cette dernière recevra la médaille de l'Ordre du Mérite en novembre.

 

 

En 2008, l'association, qui fête ses 5 ans, organise son 1er gala au Casino de Paris. Des humoristes féminines, Florence Foresti et Anne Roumanoff en tête, combattent les préjugés par l'humour devant 1400 personnes. Le spectacle est diffusé sur France 4 et France 3 et réunit 514 000 téléspectateurs.

 

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1er anniversaire de "Ni Putes Ni Soumises": Yasmina Benguigui pose devant une affiche des "Mariannes d'aujourd'hui" le 31 janvier 2004 © LYDIE/SIPA

 

2011-2012, la provocation. Asma Guénifi, secrétaire générale et militante de longue date remplace Sihem Habchi à la tête de l'association en décembre 2011. Le mouvement est plus fort que jamais. Il redonne de la voix en lançant une campagne choc sur la violence faite aux femmes. Des affiches d'apparence artistique se révèlent être des ecchymoses de femmes battues. La campagne est relayée par un événement baptisé "le happening contre l'indifférence" où des femmes maquillées telles des femmes battues s'écroulent par terre les unes après les autres. Surpris, les passants n'y prêtent pas attention. Repris dans une vidéo Youtube, l'événement sera visionné par plus de 30 000 internautes.

 

2013 : l'année vient de débuter et les Ni Putes Ni Soumises donnent déjà de la voix. Elle disent "oui" au mariage pour tous mais refusent la circulaire Taubira qui demande aux tribunaux de faciliter l'obtention de la nationalité française pour les enfants nés de gestation pour autrui (GPA) à l'étranger. Le mouvement estime dans un communiqué "qu'elle laisse place à ce marché, honteux, des ventres à louer". La lutte continue.