Les femmes et les maths, un désintérêt réciproque
Plusieurs mathématiciennes interrogées par l'AFP confirment la tendance : les femmes sont de moins en moins nombreuses à étudier les maths. Quelles sont les causes de ce déséquilibre hommes-femmes ? Un élément de réponse avec la subsistance très forte de stéréotypes.
Lorsque l'on interroge une professionnelle des mathématiques sur la parité dans ce domaine, voici ce que l'on entend : "La situation est en train de s'aggraver, alors que dans toutes les autres disciplines la tendance est à avoir davantage de femmes, même si l'évolution est plus ou moins lente" affirme Laurence Broze, présidente de l'association Femmes et Mathématiques. Cette directrice de l'UFR de Mathématiques à l'université Lille 3 est aussi peu optimiste que ses consœurs. Elle ne peut que remarquer l'énorme déséquilibre hommes-femmes qui se dessine chaque année : "Toutes disciplines et grades confondus, on a, à l'université, 40% de femmes pour 60% d'hommes. En mathématiques, c'est 20% de femmes pour 80% d'hommes". Les femmes n'auraient-elle pas la bosse des maths ? Voudraient-elles échapper à la migraine ?
Pourtant l'année dernière, deux brillantes mathématiciennes étaient récompensées par le prestigieux prix Henri Poincaré. Ces deux anciennes de l'École normale supérieure seraient donc des exceptions. Il ne resterait aujourd'hui qu'une trentaine de femmes professeurs de mathématiques "pures" ou "fondamentales", ces dernières plus tournées vers les mathématiques appliquées. Mais alors d'où vient cette inéquation ? Le poids des stéréotypes est mis en avant. Nalini Anantharaman, lauréate du prix Poincaré, dénonce l'image des femmes sans la société : "Une femme mathématicienne c'est soit un extra-terrestre, soit un garçon manqué". Sa consœur lauréate pointe le manque de confiance : "On sait qu'à niveau égal, les filles se sous-estiment" tandis que Laurence Broze renchérit avec "le manque de modèles féminins".