Une journaliste arrêtée pour avortement illégal et sexe hors-mariage au Maroc

Hajar Raissouni, 28 ans, a été arrêtée pour "avortement illégal" et débauche (sexe hors mariage) le 31 août. Depuis, le cas de cette jeune journaliste a relancé les débats des droits des femmes et des médias au Maroc.

Une journaliste arrêtée pour avortement illégal et sexe hors-mariage au Maroc
© flowertiare/123rf

"Réalité moyenâgeuse""lois liberticides""violence institutionnelle envers les femmes", "harcèlement des journalistes"... Les réactions indignées ont fusé dans les médias et sur les réseaux sociaux, face à l'arrestation d'une journaliste de 28 ans, le 31 août au Maroc. Hajar Raissouni, reporter au sein du journal Akhbar Al-Yaoum, a été placée en détention provisoire pour "avortement illégal" alors qu'elle sortait d'un cabinet médical de Rabat. Son fiancé, qu'elle devait épouser mi-septembre, le médecin traitant, un infirmier et une secrétaire médicale ont également été arrêtés. Le code pénal marocain prévoit une peine de prison pour les relations sexuelles hors-mariage et pour l'avortement, lorsque la vie de la mère n'est pas menacée.

Journaliste arrêtée au Maroc : débats et langues de bois
Or, Hajar Raissouni assure qu'il s'agit d'accusation "fabriquées" dans "une affaire politique" liées à de récentes publications parues au sujet des détenus du mouvement de contestation des comportements policiers, "Hirak", dans le quotidien arabophone dans lequel elle exerce. La journaliste affirme aussi avoir été interrogée sur ses oncles - un idéologue islamiste et un éditorialiste- lors de sa garde à vue.

Le parquet de la capitale a, quant à lui, affirmé que l'arrestation de la jeune femme n'avait "rien à voir avec sa profession de journaliste", expliquant via un communiqué que les éléments médicaux montraient des signes de grossesse et un avortement. 150 journalistes ont déjà signé une pétition solidaire visant les "campagnes diffamatoires" contre la jeune marocaine.

L'association locale pour les droits humains (Association Marocaine pour les Droits Humains), ainsi que Amnesty International et Human Rights Watch continuent de réclamer la libération immédiate d'Hajar Raissouni, dénonçant "une régression des libertés individuelles". Son procès doit s'ouvrir le 9 septembre.