Qui est Nasrin Sotoudeh, condamnée à 38 ans de prison et 148 coups de fouets

L'avocate iranienne et militante des droits humains Nasrin Sotoudeh cumule les chefs d'accusation. Sa détention, depuis juin 2018, suscite l'indignation de la communauté internationale, mobilisée en faveur d'une libération immédiate.

Qui est Nasrin Sotoudeh, condamnée à 38 ans de prison et 148 coups de fouets
© YAGHOBZADEH RAFAEL

33 ans de réclusion supplémentaire, soit un total de 38 ans, et 148 coups de fouets. La nouvelle condamnation de Nasrin Sotoudeh, annoncée par la justice iranienne le 11 mars, inquiète. Sept chefs d'accusation ont été prononcés à son encontre pour avoir notamment défendu les droits des femmes et protesté contre le port obligatoire du voile. L'avocate, détenue depuis plus d'un an à la prison d'Evin, à Téhéran, purgera une peine de 12 ans conformément aux directives en matière de condamnation.
"Elle a été sévèrement sanctionnée en raison des défenses de citoyens opposants au régime", commente Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux (CNB).
Nasrin Sotoudeh a commencé à faire parler d'elle en 2009 au moment de la protestation post-électorale qui gagne le pays. La réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la tête de l'Iran est contestée, les violences se multiplient dans les rues. L'avocate décide alors de prendre la défense de jeunes militants, elle s'investit également contre la peine de mort, représente de jeunes handicapés. Emprisonnée en 2011, elle l'est à nouveau en 2012, et obtient le Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit 2012 attribué par le Parlement européen. Elle est graciée en 2013 par le nouveau président Hassan Rohani. Entre deux détentions, elle ne cesse jamais de prendre la parole. "Nasrin Sotoudeh fait partie de ces femmes qui profitent de la moindre libération, ou congé de prison, pour militer", indique Jacqueline Perenchio, membre d'Amnesty International spécialiste de l'Iran.   

Nasrin Sotoudeh bénéficie d'un soutien international

Pour alerter l'opinion publique et les chefs d'état, les initiatives s'intensifient. Le 13 juin dernier, Amnesty International a remis aux différentes ambassades iraniennes plus d'un million de signatures recueillies en faveur de sa libération.
A Paris, le CNB prolonge, jusqu'à la fin de l'année, l'affichage du portrait de Nasrin Sotoudeh sur la façade de l'établissement public à Paris. La pétition lancée fin avril enregistre plus de 400 000 signataires. L'engagement du CNB est permanent.
"Nous avons voté une résolution le 11 juillet portée par le G7 des avocats", raconte Christiane Féral-Schuhl. "La défense doit être libre et l'accès à la défense doit être libre". Une référence à la décision de Nasrin Sotoudeh de refuser celle de la justice iranienne. Par ailleurs, des actions sont menées au niveau du Conseil des barreaux européens. "Notre objectif consiste à obtenir sa libération mais cela peut prendre du temps", ajoute la franco canadienne Christiane Féral-Schuhl  qui est avocate spécialiste des nouvelles technologies et notamment du droit de l'informatique. La mobilisation continue et ne doit pas faiblir.