Voiture, pipi-room : y a-t-il de la place pour les femmes ?

La technologie et les objets du quotidien font-ils (eux aussi) la différence entre hommes et femmes ? Nos attentes, notre morphologie sont-elles prises en considération lorsqu'il s'agit de nous aider ou de nous sauver la vie ? D'après l'auteure Caroline Criado-Perez, les outils de tous les jours facilitent davantage la vie de la gent masculine. Zoom sur ces problèmes de taille.

Voiture, pipi-room : y a-t-il de la place pour les femmes ?
© Vadim Guzhva

Les objets sexistes, ça existe ? Dans son ouvrage Invisible Women, Exposing Data Bias in a World Designed for Men, la journaliste et auteure Caroline Criado-Perez dresse un inventaire d'objets dont l'utilisation ne prend pas suffisamment en compte la gent féminine. Si chaque nouveauté doit changer la vie des hommes et des femmes, ces dernières sont souvent en reste voire même ignorées. Voici cinq choses qui ont été entreprises sans que le confort ou la sécurité des femmes n'aient été pris en compte. Une nouvelle preuve des inégalités entre les hommes et les  femmes que l'on retrouve... jusqu'au petit coin !

  • Les femmes ont plus froid au boulot que les hommes

Si vous avez remarqué que vous avez froid au bureau alors que votre collègue masculin se plaint de la chaleur, vous avez mis le doigt sur quelque chose. En effet, une étude allemande a démontré que la formule déterminant la température ambiante des bureaux qui remonte aux années 60 repose sur des données basées sur le métabolisme d'un homme moyen. Or, les hommes et les femmes ne ressentent pas la chaleur ou le froid de la même manière : celles-ci ont plus souvent froid que ces messieurs pour des raisons hormonales. La température corporelle d'une femme augmente lorsqu'elle a ses règles. Une situation qui peut entraîner des inégalités de performance dans le travail.. 

  • Protections et smartphones, une différence de taille persiste

Les femmes qui travaillent dans les forces de l'ordre ont plus de chance de se faire tuer que les hommes. En effet, les protections des policiers sont élaborées à partir des mensurations et de la morphologie de ces messieurs. Une policière anglaise a dû procéder à une réduction mammaire après des problèmes de santé lié à son gilet pare-balles et 700 autres personnes ont déclaré que le vêtement ne peut pas être ajusté au corps des femmes... puisqu'il n'a pas été pensé pour elles.
La main de l'homme, un peu plus grande que celle d'une femme, fait, elle aussi, figure de référence en terme de créations technologiques. Chez Apple, les smartphones sont de plus en plus imposants et seules de grandes mains peuvent saisir le portable avec facilité. Les femmes propriétaires d'un iPhone doivent souvent utiliser leurs deux mains quand une suffit à la majorité des hommes. Preuve que la gent masculine crée souvent pour elle-même...

  • Accidents de voitures : les crash-test ne se basent que sur les données d'un homme lambda

Même lorsqu'il s'agit de leur protection au volant d'une voiture, les concessionnaires qui réalisent des crash-tests négligent les femmes. En effet, le mannequin utilisé lors des tests est fidèle aux mensurations d'un homme moyen (1m77 pour 77 kg), ce qui affecte la sécurité des femmes au volant, qui ont 17% de chance de plus que les hommes de mourir en voiture. En 2018, Astrid Linder, une chercheuse suédoise, pointe du doigt l'inégalité hommes-femmes qui persiste dans le secteur automobile. Elle révèle que le mannequin dit "femme" est rarement utilisé lors de tests, ou alors il n'est présent que sur le siège passager, ce qui ne permet pas de collecter des données sur les risques encourus par les femmes au volant.  

  • Les reconnaissances vocales sont plus aptes à obéir à un homme 

Rebekah Page-Gourley, une automobiliste de Detroit, a eu une très mauvaise surprise en s'apercevant que le système de commande vocale de sa voiture n'écoutait que son mari, assis sur le siège passager. Selon la chercheuse en linguistique Rachael Tatman, il y a 70% de chances que la reconnaissance vocale écoute une voix masculine plutôt que féminine chez Google, en 2016. 

  • Les hommes et les femmes, inégaux jusqu'au petit coin

Les petits coins sont pensés pour être une zone équitable en matière d'espace, pourtant, la queue pour se soulager est souvent plus conséquente de notre côté. La réponse à cette énigme résiderait dans la logistique. La gent masculine utilise les urinoirs pour faire ses petites affaires, or ces dispositifs prennent moins de place dans les toilettes qui peuvent donc en contenir plus que les cabinets à portes fermées des femmes. Il fallait y penser ! La prochaine révolution se passera-t-elle du côté de la cuvette ?