Les Saoudiennes se rebellent contre la tutelle masculine

DROITS DES FEMMES - L'heure de la révolte aurait-elle sonné en Arabie saoudite ? Une pétition, adressée au roi Salmane, demande la suppression de la tutelle des hommes, maris, pères, frères, fils, sur les femmes. Elle a déjà recueilli près de 15 000 signatures.

Les Saoudiennes se rebellent contre la tutelle masculine
© SIPA

Mineures à vie. Telle est la situation des femmes en Arabie saoudite. Dans cette monarchie absolue du Moyen-Orient, les femmes sont soumises à l'autorité de leur "mahram", leur tuteur qui peut être un mari, un père, un frère ou un fils si elles sont veuves. Impossible pour elles de faire des études, d'aller au cinéma ou au café, de se marier, de voyager ou même de se faire soigner sans son accord. Dans le cas où une femme serait incarcérée, elle peut être maintenue en détention si son tuteur refuse de venir la chercher après qu'elle a purgé sa peine. Une situation injuste que la population féminine ne tolère plus.

Pour mettre fin au patriarcat qui asservi les 10 millions de femmes du royaume, Aziza Al-Youssef, une universitaire retraitée, a lancé une pétition au mois de juillet pour demander au roi Salmane, à la tête du royaume depuis 20 mois, de supprimer la tutelle des femmes. Elle n'a pas pu la remettre directement au cabinet royal, mais a indiqué qu'elle allait l'envoyer par mail au souverain. Plus de 14 700 personnes, hommes et femmes, avaient déjà signé lundi 26 septembre, et le hashtag lancé sur Twitter, #TogetherToEndMaleGuardianship (ensemble pour mettre fin à la tutelle des hommes) connait un franc succès. Au fil des tweets se dégagent les revendications d'une population sacrifiée : "Je suis une femme saoudienne. Je suis un être humain capable et je mérite d'avoir le contrôle de ma vie", "Il ne s'agit pas de féminisme ou de combattre les hommes. Il s'agit d'esclavage et l'esclavage moderne doit prendre fin" ou encore "Je suis une âme morte dans un corps en vie. Je suis prisonnière et mon crime est d'être Saoudienne". 

Des conséquences concrètes

Parmi les revendications d'Aziza Al-Youssef figure la nécessité de fixer un âge officiel à partir duquel les citoyennes du royaume "sont adultes et responsables de leurs propres actes" sans avoir besoin d'un tuteur. L'abrogation de la tutelle des hommes aurait des conséquences concrètes. Aujourd'hui, seules 23% des Saoudiennes travaillent et 33,8% d'entre elles étaient au chômage en 2015, selon les statistiques officielles de la firme saoudienne Jadwa Investment. Leur offrir la liberté de travailler donnerait un coup d'accélérateur à l'économie du pays. 

Cette pétition est symptomatique des contradictions qui rongent l'Arabie saoudite. Le droit de vote a été accordé aux femmes en 2015 et celles-ci peuvent désormais sortir du territoire sans autorisation, mais elles n'ont toujours pas le droit de conduire. Et malheureusement, de mener leur vie comme bon leur semble.