Les violences conjugales, enfin sanctionnées en Chine

C'est une révolution, bien que tardive : la Chine a adopté le 27 décembre sa toute première loi relative aux violences conjugales et domestiques. Elle ne prendra toutefois effet qu'à partir du mois de mars 2016.

Le chiffre rapporté par la Fédération des femmes de Chine est glaçant. Selon cette organisation liée au Parti communiste, près d'un quart des femmes mariées ont déjà été victimes de violences conjugales, mais celles-ci font rarement l'objet de plaintes. Si le sujet a longtemps été ignoré par les autorités, car considéré comme relevant du domaine privé, une loi adoptée le dimanche 27 décembre va changer la donne. Le comité permanent de l'Assemblée nationale populaire a voté un texte sur les violences domestiques. 
Celui-ci définit ces violences comme les "dommages physiques, psychologiques et autres, infligés par des membres de la famille, dont les coups, les restrictions ou les limites sévères sur la liberté physique, les invectives récurrentes et les menaces verbales". 
La loi simplifie les démarches pour obtenir de l'aide et oblige la police à intervenir dès lors qu'un cas de violence est rapporté, au sein de toutes les familles, couples mariés et concubins.
C'est la première fois qu'une loi spécifique est adoptée sur le sujet, mais elle n'entrera en vigueur qu'en mars prochain. Auparavant, les violences intrafamiliales n'étaient évoquées que dans des lois relatives à d'autres thèmes, comme le mariage et les maltraitances ne constituaient un motif de divorce que depuis 2001. 
Si le texte constitue une avancée considérable, il ne fait toutefois pas l'unanimité. L'ONG Yirenping, spécialisée dans la lutte contre les discriminations, estime ainsi qu'il ne va pas assez loin et ne prend pas en compte les violences commises au sein des couples homosexuels. L'organisation déplore également la lenteur du processus législatif. La loi adoptée ce week-end arrive en effet vingt ans après la tenue à Pékin d'une conférence de l'ONU sur les femmes. 
L'adoption du texte survient après qu'une affaire a particulièrement secoué la société chinoise. En avril 2015, la condamnation à mort d'une femme battue, accusée d'avoir tué son mari, a été commuée en peine de prison. Peu de temps après son mariage, en 2009, son mari avait commencé à la battre après lui avoir brûlé le visage avec des cigarettes et coupé un doigt. L'année suivante, il la menaçait avec un fusil à pompe, mais la victime avait réussi à s'emparer de l'arme et l'avait battu à mort.