Les Saoudiennes sont éligibles, mais privées de discours

Pour la première fois dans l’histoire du royaume, les Saoudiennes vont pouvoir voter et se faire élire lors des prochaines élections municipales du 12 décembre. Derrière cette supposée avancée sociale, la réalité est tout autre.

Le non-sens de l'organisation des élections municipales en Arabie saoudite dépasse l’entendement. En 2011, l’ancien roi Abdallah avait accordé le droit de vote aux femmes pour les élections municipales ainsi que le droit de se présenter (dans un pays où les partis politiques sont interdits).
A l’approche du scrutin qui aura lieu le 12 décembre prochain, l’organisation Human Rights Watch déplore l’hypocrisie de cette soi-disant progression du statut de la femme, toujours contrainte d'évoluer dans une société patriarcale où rien ne se fait sans l’accord préalable d’une autorité masculine. Selon l'organisation, il s'agit de mesures "insuffisantes pour intégrer totalement les femmes dans la vie politique saoudienne".
Ce qui fait grincer des dents l'ONGI ? Le fait que la charia devra être strictement respectée lors du scrutin. Les candidates aux élections municipales devront se présenter couvertes d'un niqab, pratique pour les distinguer. Ce n’est pas tout : hommes et femmes ne doivent pas se mélanger ni communiquer directement entre eux, ce qui ne va pas faciliter l’organisation d’une campagne électorale.
Le comble réside sûrement dans le fait que les femmes n’ont pas le droit de s’exprimer en public et devront donc trouver des hommes chargés de parler en leur nom. Voilà à quoi ressembleront les élections municipales du mois de décembre, qui se veulent progressistes et qui continuent pourtant, à travers l'application de la charia, de nier les droits les plus élémentaires de l’être humain.

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