Woman Tax : les femmes paient le prix fort
Alors que le pouvoir d'achat des femmes est inférieur à celui des hommes, un collectif féministe dénonce une "taxe invisible" imputée aux consommatrices. Pour un même produit ou service, elles déboursent généralement plus d'argent.
Le sexisme intervient souvent là où on ne s'y attend pas. On sait que les rayons des supermarchés ont tendance à être genrés : du rose et du pastel pour les femmes, du noir et du bleu pour les hommes. Mais combien savent que cette discrimination suit le consommateur jusqu'à la caisse ? A caractéristiques égales, le prix d'un produit sera bien généralement plus élevé pour sa version féminine que masculine. La faute à la "Woman Tax".
Une différenciation des prix que l'on retrouve aussi chez le coiffeur, où les prix des prestations pour femmes sont généralement bien plus élevées que celles pour hommes, peu importe qu'elles aient les cheveux courts ou qu'ils aient les cheveux longs. Même remarque au pressing ou chez le teinturier... Aux Etats-Unis, cette "féminitaxe" est pointée du doigt depuis plusieurs années. Le magazine Forbes a fait l'addition et a évalué son coût à environ 1 400 dollars par an.
Monoprix dans le viseur
Dépitées par ce qu'elles découvrent dans les rayons de la grande distribution et sur Internet depuis ces dernières semaines, elles ont lancé une pétition en ligne contre Monoprix, qui porte apparemment mal son nom tant les différences de prix sont évidentes. Elles souhaitent que l'enseigne "égalise ses tarifs pour ses propres produits et pour les autres marques distribuées et précise sur les étiquettes le prix de la déclinaison masculine ou féminine du produit lorsque les rayons femmes/hommes sont différenciés". Plus de 19 000 personnes ont répondu à leur appel et même la secrétaire d'Etat aux Droits des femmes Pascale Boistard les a reçues pour en discuter.
Monoprix a tenu à répondre aux féministes. Comme d'autres marques déjà pointées du doigt, l'enseigne a justifié économiquement cette "taxe rose". "Pour les rasoirs jetables : les références pour les hommes présentent des volumes de vente largement supérieurs aux modèles pour femmes, permettant ainsi un prix d'achat inférieur." Sans accompagner cette explication par des chiffres ou autres références, au grand regret des Georgettes.
La terrible loi de l'offre et de la demande, souvent brandie comme un drapeau anti-sexisme par les accusés, n'est pas forcément un argument recevable. Surtout quand la composition des produits s'avère strictement identique... Outre-Atlantique, certains Etats ont trouvé la solution : en Californie par exemple, les prix genrés sont interdits.