Concours "EgalitéE 2014" : le palmarès

Découvrez le classement du concours national "EgalitéE 2014" lancé par le ministère des Droits des femmes, qui a permis aux jeunes de d'exprimer sur leur vision de l'inégalité des sexes.

A l'occasion de la Journée internationale des droits de la femme,  le ministère des Droits des Femmes a lancé "EgalitéE 2014", un concours national destiné aux 16-25 ans, qui visait à illustrer par un texte, une vidéo ou une affiche les inégalités entre les hommes et les femmes.
Ce vendredi 7 mars, LeJournalDesFemmes.com était à la Gaîté Lyrique à la remise des prix du concours, avec la présence de certains membres du jury tels que Pénélope Bagieu, Riad Satouff, André Manoukian et Cloé Korman (manquaient à l'appel Pierre Arditi et Laura Flessel). Le palmarès du concours a été dévoilé par la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud- Belkacem, ainsi que par le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault.
Zaho, Inna Modja, le collectif féminin "Unissons nos voix", la troupe de danse "L dans la ville", ou encore l'humoriste Nadia Roz et bien d'autres intervenants se sont succédé pour animer cette soirée et partager leur vision des inégalités.
Les jeunes Français ont été nombreux à se mobiliser pour ce concours : environ 2000 créations ont été envoyées par plus de 3000 participants venus de la France entière. Découvrez ci-dessous le palmarès des gagnantes du concours.

Dans la catégorie "Affiches"

Le premier prix est attribué à Marina Fabre et Valentine Dervaux, 23 ans, pour leur affiche" Ceci n'est pas une femme".

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Ceci n'est pas une femme. © Emma Rozier

Dans la catégorie "Textes"

Le premier prix est décerné à Emma Rozier, 21 ans, pour son texte "Emma, femme moderne".

"Je m'appelle Emma, j'ai 20 ans. Je suis une femme moderne, manager dans un restaurant, et je vis avec mon compagnon.

Le réveil sonne, il est 6H30. Dans 30 minutes je dois être au travail, et je suis déjà en retard. Je m'habille rapidement, me passe de l'eau sur le visage, et embrasse mon ami.

J'ai du mal à garder les yeux ouverts dans le métro, on s'est couché tard hier.

J'arrive au travail. A 7H pétantes, mon téléphone vibre. Le 1er message de la journée, c'est mon amoureux qui l'envoie. Il se réveille exprès tous les matins, pour ça.

La matinée passe vite. Je suis très occupée. J'ai un restaurant à faire tourner, et je suis seule pour tout mettre en place. C'est un défi quotidien que j'aime relever. Je suis une femme qui en veut, une femme qui gagne bien sa vie. 

A midi mes collègues arrivent. Ils me saluent, et je pars prendre cinq minutes de pause avec eux. Mais pas le temps de manger.

Le service terminé, je compte ma caisse et vérifie la propreté du restaurant.

Il est 16H, je rentre. Je sais qu'il m'attend, alors je presse le pas.

Durant le trajet, une amie m'appelle, elle souhaite me revoir. Je refuse, trop fatiguée aujourd'hui, la semaine prochaine, peut-être.

Arrivée à mon domicile, je retrouve mon ami. Je ne lui raconte pas ma journée, je fais toujours la même chose, il connaît ça par coeur. Je le cajole, je lui prépare un petit plat, et dès que je peux, je fais un bout de ménage.

On passe la soirée ensemble, et je pars me coucher.

Je pourrais être heureuse.

Je m'appelle Emma, j'ai 20 ans.

Je me réveille toujours en retard, parce que je ne dors jamais assez. Je m'habille dans l'urgence, et perds un temps fou parce que mon compagnon refuse de me laisser partir.

Je m'endors toujours dans le métro. Mon corps épuisé réclame ce que je ne lui offre jamais. A la maison, je n'ai pas le droit de m'endormir avant lui. Et durant la nuit, souvent, il me réveille.

J'arrive au travail, et à 7H pétantes, mon téléphone vibre. Le premier message de la journée, c'est mon bourreau qui me l'envoie. Il se lève exprès tous les matins, pour me noyer sous une pluie de sms culpabilisants, colériques et mortifiants. 

La matinée passe vite. Je suis débordée. J'ai un restaurant à faire tourner, je suis seule et je panique. J'ai mon téléphone toujours dans les mains, je perds un temps précieux. C'est un défi quotidien que je n'ai plus la force de relever.

Je suis une femme d'aujourd'hui, stressée et culpabilisée. Une femme qui gagne plus que son homme, qui lui en veut.

A midi, mes collègues arrivent. Ils me saluent et je discute avec eux. Les cinq précieuses minutes de sociabilité. Pas le temps de manger. Je n'en ai pas envie, rien ne me fait envie.

Le service terminé, je compte ma caisse et vérifie la propreté du restaurant.

Il est 16H, je me dépêche de rentrer. Il m'attend, alors je presse le pas. Le moindre retard me serait fatal, et j'appréhende les cris de ce soir.

Durant le trajet une amie m'appelle, elle souhaite me revoir. Je refuse, il n'aime pas mes amis, alors je n'ai pas le droit de les voir.

J'arrive et le retrouve. Je ne lui raconte pas ma journée, il déteste que je lui rappelle que j'ai un meilleur poste que lui. Je m'occupe de lui machinalement. Je lui prépare le steak-frites qu'il mange tous les jours. Je suis obligée de manger la même chose, alors je préfère ne rien avaler. Et dès que je peux, je fais un bout de ménage. Pas souvent, il ne supporte pas que je touche à son ?bordel organisé?. 

On passe la soirée dans la même pièce, il se défonce et je m'efforce de ne pas m'endormir. Je pars me coucher crevée, mais soulagée d'avoir réussi à éviter la crise. Je suis une femme maltraitée.

Une femme seule."

Dans la catégorie "Vidéos"

Capucine et Coline Madelaine, 19 et 21 ans, ont remporté le premier prix avec leur vidéo " Témoignages de tous âges. Petit imagier de l'(in)égalité".

Regarder :

Bravo à elles et à tous les participants au concours.