Cuisiner, c'est aussi se mettre en danger

Des centaines de millions de femmes préparent chaque jour les repas de leur famille au péril de leur vie. Une affaire de santé publique.

Trois milliards de personnes, soit 40% de la population mondiale, cuisent chaque jour leur pitance sur un simple feu de bois, de charbon, sur un tas de déchets ou d'excréments qu'elles font brûler. Maintenant en équilibre une marmite sur un feu, dans des émanations toxiques, elles menacent leur santé et celle de leurs enfants.

Un programme soutenu par l'ONU et les Etats-Unis, l'"Alliance mondiale pour des cuisinières propres" (cleancookstoves.org), se donne pour objectif de fournir quelque 100 millions de plaques de cuisson dans le monde d'ici à 2020. Il s'agit à la fois d'améliorer les conditions de vie et la sécurité des populations du Tiers Monde, favoriser la condition féminine, et lutter contre le changement climatique.

Un fléau

Pour l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), faire la cuisine sur un foyer non protégé représente l'un des dix plus gros risques sanitaires dans le monde. Deux millions de personnes, dont beaucoup d'enfants de moins de cinq ans, meurent chaque année après avoir inhalé des fumées nocives. Des millions d'autres se brûlent en manipulant leurs casseroles au-dessus du feu, souffrent des yeux, de la gorge et des voies respiratoires.

Des préparatifs à l'horreur de l'agression sexuelle

Aller chercher du combustible, par exemple ramasser du bois en forêt, s'avère également très dangereux. En République démocratique du Congo (RDC), les organisations internationales estiment qu'une femme est violée toutes les heures lorsqu'elle s'acquitte de cette tâche.

A ce drame de la criminalité, s'ajoutent des urgences environnementales : Déforestation, émission de dioxyde de carbone, pollution due à la combustion du charbon.

Pour y répondre, les Nations unies et le département d'Etat américain ont oeuvré à la création en septembre 2010 de l'Alliance, partenariat public-privé qui rassemble des gouvernements, des financiers, des ONG, des chercheurs et des industriels."Cela concerne la moitié de la population du globe et il est difficile de croire que nous n'y ayons pas pensé avant", plaisante Kris Balderston, un des responsables de cette organisation.

femme cuisine
Femme faisant la cuisine dans un village d'Afrique. © Gilles Paire - Fotolia.com

"C'est l'un des problèmes internationaux que l'on peut résoudre"

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui insiste régulièrement sur la condition des femmes dans le monde, est montée en première ligne pour ce programme. Elle a tenté jusqu'à présent de convaincre 36 pays de rejoindre l'"Alliance", comme donateurs ou bénéficiaires du programme. La jolie Julia Roberts en joue elle volontiers la porte-parole.

Ecologie

Des critères sanitaires, sécuritaires et en termes de normes d'émissions doivent être pris en compte. Il s'agit de promouvoir des modes de cuissons peu polluants, peu couteux, mais produisant beaucoup d'énergie.
 

Les deux pays les plus peuplés au monde, la Chine et l'Inde, ont servi de modèles pour avoir mené à bien l'équipement des ménages en cuisinières. L'Alliance doit maintenant décider quels pays cibler en priorité. Réponse en septembre, mais l'on parle de la Tanzanie et du Kenya pour l'Afrique, du Bangladesh et du Vietnam pour l'Asie.