Congé en cas de fausse couche : une première entreprise française ouvre la voie

L'entreprise Critizr a instauré des congés à destination de ses salariées en cas de fausse couche ou d'une dysménorrhée. Une première appelée à en inspirer d'autres ?

Congé en cas de fausse couche : une première entreprise française ouvre la voie
© Krists Luhaers on Unsplash

L'entreprise Critizr, spécialiste de la gestion des interactions clients, est la première dans l'Hexagone à instaurer un congé en cas de fausse couche pour ses salariées en France, en Espagne, au Japon, au Pays-Bas et au Royaume-Uni. En cas d'arrêt naturel de grossesse durant les 22 premières semaines, elles pourront bénéficier de 5 jours de congés. De même que celles qui souffriraient de dysménorrhée liée à une endométriose ou à une autre pathologie pourront également prétendre à un à deux jours mensuels de congés. Les salarié.es dont la compagne auraient subi une fausse couche, qu'elle fasse partie de l'entreprise ou non, auront aussi 2 jours de congés, détaille un communiqué de l'entreprise. 

Les collaboratrices et collaborateurs concernés pourront informer leur direction de cette prise de congé par mail sans obligation de présenter un certificat médical. Une initiative basée sur "la confiance afin de ne pas ajouter de complexité à un événement douloureux", peut-on lire. Critizr estime que le monde de l'entreprise doit prendre en considération ces événements qui surviennent dans la vie des salariés et œuvrer pour "un espace favorisant l'égalité professionnelle femme-homme et le respect de la santé physique et psychologique". 

Des séquelles physiques et psychologiques

D'autant qu'on dénombre 23 millions de fausses couches chaque année dans le monde, selon une étude publiée en 2021 dans The Lancet. Un phénomène dont l'impact est "depuis longtemps trop minimisé", alors que les conséquences physiques et psychologiques sur les femmes sont réelles. 

Une fausse couche peut ainsi devenir "un marqueur de risque pour les complications obstétriques, y compris la naissance prématurée, le retard de croissance fœtale, le décollement placentaire et la mort à la naissance lors de futures grossesses", précisent les chercheurs. De même qu'elle comprend "un risque d'anxiété, de dépression, de syndrome de stress post-traumatique et de suicide". Après plusieurs fausses couches, les femmes peuvent également avoir un blocage dû au traumatisme. Il arrive qu'elles aient besoin de soins, d'un accompagnement psychologique et dans tous les cas, de temps et de soutien. 

Ouvrir la voie à des évolutions sociales

Le Québec et la Nouvelle-Zélande ont déjà mis en place des congés pour les salariées victimes d'une fausse couche, ainsi que pour leur conjoint ou conjointe. Précurseur de cette initiative en France, Xavier Molinié, DRH de Critizr explique "vouloir, au-delà de nos obligations légales et conventionnelles, soutenir nos salarié(e)s durant les moments difficiles qu'elles/ils peuvent traverser et lors desquels travailler peut s'avérer difficile – si ce n'est impossible". Une prise en considération de la réalité à laquelle font face les salariées. "Nous souhaitons faire partie de ceux qui ouvrent la voie des évolutions sociales à venir".