Lisa, Muriel, Eléonore : déjà 3 féminicides en 2022, des policiers accusés de "manquements" dans le meurtre de Chahinez

Trois féminicides ont déjà été recensés, à Saumur, Nice et Labry, depuis le début de l'année 2022. Dans le même temps, plusieurs policiers sont convoqués pour "manquements" dans l'affaire du féminicide de Chahinez Daoud, survenu en 2021...

Lisa, Muriel, Eléonore : déjà 3 féminicides en 2022, des policiers accusés de "manquements" dans le meurtre de Chahinez
© Hommage à Chahinez Daoud en mai 2021 à Mérignac par UGO AMEZ/SIPA

A peine quelques jours ont passé depuis le début de l'année 2022, mais déjà trois féminicides ont été recensés, selon Le Parisien. Le 3 janvier, une information judiciaire a été ouverte à Nice, pour "assassinat", après la mort d'une femme de 45 ans prénommée Lisa T., et dont le corps avait été retrouvé dans le coffre d'une voiture deux jours plus tôt. Le principal suspect, l'ex-conjoint de la victime âgé de 60 ans, a été mis en examen et incarcéré, a annoncé le 4 janvier le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme. Pour l'heure, il a reconnu avoir étranglé la jeune femme, mère de quatre enfants, au cours d'une dispute. L'un des fils du couple, âgé de 24 ans, a également été placé en garde à vue. Et pour cause, il est propriétaire du véhicule dans lequel le corps de la femme a été retrouvé. 

Eléonore, femme de 28 ans, tuée par son compagnon à Saumur

Peu avant le drame, une autre tragédie est survenue à Bellevigne-les-Châteaux, près de Saumur, dans le Maine-et-Loire, le 1er janvier. Eléonore Places, militaire de 28 ans, a été tuée par son compagnon de 22 ans, qui a rapidement avoué les faits durant sa garde à vue. Il a été mis en examen pour meurtre aggravé par concubin et violences aggravées et placé en détention.

Eléonore Places © Capture d'écran - Facebook

Il faisait déjà l'objet de deux procédures pour violences sur sa compagne en été 2021 et octobre 2021. Mais le couple s'était rapidement reformé. Quant à la militaire désormais décédée, elle avait "refusé les mesures de protection proposées car elle se sentait capable de se défendre", a expliqué le procureur de la République d'Angers, Eric Bouillard. Depuis plusieurs semaines, le couple s'était installé chez le frère de l'homme. C'est à cet endroit que le drame a eu lieu. Le compagnon d'Eléonore Places lui a donné dix coups de couteau sur le palier de l'appartement, dont "trois mortelles au niveau du thorax", indique la récente autopsie.

Eléonore Places avait intégré le 2e régiment de Dragons de Fontevraud, dans le Maine-et-Loire, en 2019. C'est le frère du suspect, un ami militaire, qui lui avait alors présenté celui qui est devenu son compagnon, également dans l'armée mais basé dans la Sarthe. En 2005, Éléonore Places avait perdu son unique frère, prénommé Benjamin, mort dans un accident de la route. Elle avait été "très abîmée" par la tragédie, selon les propos d'une source proche du dossier au Parisien.

Muriel, 56 ans, tuée par son compagnon à Labry

Le même jour, à Labry, en Meurthe-et-Moselle cette fois-ci, le corps d'une femme de 56 ans, Muriel Pinchi-Marchetti, a été retrouvé dans son appartement. La victime a été tuée par son compagnon, lardée de coups de couteau. François Pérain, le procureur de la République de Nancy, explique que c'est le compagnon de la quinquagénaire, Yves J., qui a avoué le crime. Celui-ci n'était pourtant pas connu pour des faits de violence conjugale. Au domicile du couple, "une corde avec un nœud coulant" avait été découverte par les forces de l'ordre. Selon ses propos, le compagnon souhaitait mettre fin à ses jours.

La quinquagénaire a été décrite comme "une femme extraordinaire, qui voulait aider tout le monde", selon Le Parisien. Si cette mère divorcée de deux garçons majeurs n'avait pas désespéré à l'idée de trouver le grand amour, elle enchaînait les échecs dans ses relations, mais restait toujours "souriante". L'ex-préparatrice en pharmacie ne travaillait plus depuis plusieurs années à cause de problèmes de dos, mais officiait au sein du conseil municipal de Moutiers, près de Labry.

Féminicide de Chahinez Daoud : des policiers accusés de manquements

Tandis que ces récents féminicides secouent les Français, le meurtre de Chahinez Daoud, brûlée vive par son mari le 4 mai 2021 à Mérignac, en Gironde, refait surface dans l'actualité. Six policiers, quatre officiers et commissaires ainsi que deux brigadiers, ont été convoqués devant un conseil de discipline, le 4 janvier 2022. La raison? Ils sont accusés de "manquements administratifs". 

Condamné pour des faits de violences conjugales, le mari de Chahinez, dont elle était séparée, venait de sortir de prison alors qu'il avait encore menacé son épouse. Celle-ci avait déposé une plainte deux mois avant la tragédie. En septembre 2021, un rapport de l'IGPN avait montré que des fautes avaient été commises par des agents avant le féminicide, notamment dans le traitement de la plainte de la victime. En 2021, 113 féminicides ont été recensés par l'association Nous Toutes. Un chiffre malheureusement supérieur à celui de l'année précédente, puisque 102 femmes avaient été tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint en 2020.