Topless en baisse : pourquoi les femmes montrent moins leurs seins
Trois fois moins de femmes que dans les 80' pratiquent les seins nus sur la plage. À l'occasion de la Journée Mondiale du Topless, une étude de l'IFOP révèle ce qui empêche les femmes de tomber le haut l'été...
#METOO ON THE BEACH. La pratique du topless est en net recul. À cause du bodyshaming, du harcèlement, de la pression sexuelle, mais aussi de raisons de santé, le pourcentage de femmes qui osent montrer leurs seins sur le sable n'a cessé de diminuer. C'est ce qui ressort d'une enquête publiée par l'IFOP, en cette Journée Mondiale du Topless.
De moins en moins d'adeptes du monokini
Symbole de l'émancipation des femmes et de leur corps à partir des années 1960, la pratique des seins nus enregistre cette année un nouveau recul historique: à peine 19% des Françaises enlèvent désormais leur haut sur les plages, contre 34% il y a douze ans (2009).
Et si on remonte aux années 1980, qui furent la grande époque du culte du teint hâlé et du bronzage monoï, le recul est encore plus net: à peine 16% des femmes de moins de 50 ans pratiquent aujourd'hui le topless au moins occasionnellement, soit trois fois moins qu'au milieu des années 80 (43% en 1984).
Environ 40% des Françaises ont déjà bronzé seins nus dans un lieu public, mais elles sont à peine 12% à l'avoir fait ces trois dernières années.
Pourquoi les Françaises abandonnent le topless
Plus que la peur du harcèlement et de la pression sexuelle, c'est la crainte de développer un cancer de la peau à cause d'une exposition au soleil exagérée, qui empêche la plupart des femmes de faire tomber le haut (du bikini). 53% d'entre elles évoquent les dangers du soleil pour la peau comme raison de cacher leurs seins.
Pour les jeunes de moins de 25 ans, la "crainte d'être l'objet d'agression physique ou sexuelle" (50%), de "subir le regard concupiscent des hommes" (48%) ou de voir des photos d'elles "prises et publiées sur les réseaux sociaux" (46%) sont les principales raisons pour lesquelles elles résistent à leur envie d'enlever leur haut de maillot sur la plage. La peur de "faire l'objet de remarques désobligeantes sur au moins une partie de son corps" joue également pour 49% des Françaises.
Malheureusement, ces craintes sont souvent fondées. Pas moins d'une Française sur quatre a déjà été agressée sexuellement à la plage ou dans un lieu similaire, et près d'une Française sur deux (49%) a déjà subi une "forme de harcèlement ou d'atteinte sexuelle sur la plage ou dans un lieu dédié aux bains". 19 % d'entre elles ont déjà été confrontées à de "l'exhibition forcée", 9% ont reçu des "menaces à caractère sexuel" et 13% ont subi des "attouchements".
En outre, pas moins de 39% des femmes doivent imaginer "des stratégies d'évitement de ces risques", notamment en se couvrant le corps (23 %), ou en renonçant à la baignade (21%).
Plus les plages sont fréquentées, moins les femmes s'autorisent le topless
Si il fallait une preuve que le regard d'autrui joue un rôle de plus en plus prépondérant dans la volonté des femmes de ne plus se dévêtir sur la partie haute du corps, il suffit de voir que le nombre d'adeptes du topless baisse significativement sur les plages bondées (19%, - 3 pts par rapport à 2019). Alors que sur les plages désertes, il augmente de 1 point pour arriver à 33%.
Quant aux autres lieux potentiellement dédiés aux bains de mer ou de soleil, ils offrent un cadre encore moins favorable à l'expérimentation du topless : à peine 10% des Françaises ont déjà bronzé seins nus dans des lacs / rivières (10%), des piscines publiques (4%) ou des parcs (3%) lorsqu'elles y étaient soumises au regard d'individus étrangers à leur entourage.
La pratique des seins nus, réservée à certaines privilégiées ?
Lorsque l'étude de l'IFOP se penche sur le profil des femmes qui s'adonnent au topless, on découvre que d'autres freins que le regard des autres pénalisent les femmes.
Ainsi, la pratique du topless y apparaît en effet beaucoup plus répandue que la moyenne dans les rangs des femmes avec un niveau social et culturel élevé, une haute estime de leur capital physico-esthétique ou encore des poitrines correspondant aux normes esthétiques en vigueur.
Étude Ifop pour Xcams Media réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 7 au 8 juillet 2021 auprès d'un échantillon de 1 510 personnes, représentatif de la population féminine française âgée de 18 ans.