Une camionneuse, virée pour avoir fait ses besoins dans un champ

Une conductrice de véhicule poids lourd a été licenciée ce 21 avril pour s'être soulagée dans le champ d'un agriculteur. Un fait divers qui invite à réfléchir à la gêne (voire la honte pour certaines femmes) à aller aux toilettes en public...

Une camionneuse, virée pour avoir fait ses besoins dans un champ
© Image d'illustration / aksakalko

Une routière de 42 ans a eu la mauvaise surprise de recevoir une lettre de licenciement pour une raison peu banale. Alors qu'elle venait de récupérer une pelleteuse, la femme a été prise d'une envie pressente. Elle a donc garé son camion au bord de la route et a fait caca dans le champ d'un agriculteur. Malheureusement, ce dernier s'en est aperçu, a photographié ses excréments puis les a envoyés à l'employeur de la routière.
"J'aurais pu demander au client d'aller chez lui, mais c'est interdit à cause de la crise sanitaire. Je ne pouvais pas non plus aller dans un bar ou un restaurant, tout est fermé ! Et j'avais quand même une demi-heure de route devant moi, je ne pouvais pas me retenir" explique aujourd'hui la routière qui dénonce une décision injuste et a décidé de saisir le conseil de Prud'hommes.

Une nouvelle étude sur le "poop shaming" depuis la crise sanitaire

Cette histoire, parmi tant d'autres, pourrait à merveille illustrer ce que les Anglo-saxons nomment le "poop shaming", soit la gêne à l'idée d'aller déféquer qui touche surtout les femmes en France. 

Une enquête menée par l'IFOP pour Diogène France, société spécialisée dans le nettoyage de logements dégradés, consacrée à la situation des toilettes publiques à l'heure de la Covid-19 démontre la gêne croissante pour les femmes à devoir aller aux W.C en public. Selon l'étude, elles sont ainsi 76% à dire avoir déjà ressenti un sentiment de gêne en devant déféquer dans des conditions particulières.

Un accès aux toilettes devenu difficile en Confinement

Les cafés étant fermés depuis le début de la crise sanitaire, ce sont une grande majorité des toilettes qui sont hors d'accès pour les français.

51% des femmes ont ainsi déclaré avoir souffert d'un manque d'accès à des toilettes publiques pendant cette période, contre 41% pour les hommes.

© Diogène France / IFOP

Il y a trop peu de WC publics... et ils sont sales

Plus de 3 Français sur 4 déplorent le manque de toilettes publiques.

Et lorsqu'elles existent, ils leur reprochent d'être sales, nauséabondes et peu sûres. Un constat partagé par 63% des femmes et 56% des hommes.

© Diogène France / IFOP

Gênes occasionnées aux W.C

Les premiers facteurs de gênes sont sans surprise le bruit et l'odeur. 

Sentiment partagé de manière sensiblement égale : les odeurs sont citées par 91% des femmes et 88% des hommes, le bruit par 89% des femmes et 85% des hommes. Et lorsque l'on rentre dans le cadre romantique, comme par exemple lors d'un premier week-end en amoureux, les chiffres sont assez saisissants. 

Plus d'1 homme sur 3 et près d'1 femme sur 2 se retiennent lors des premiers moments de partage d'intimité avec leur nouveau compagnon. 

Et lorsque l'envie devient trop pressente, les techniques de dissimulation sont légions. Fermer d'autres portes que celles des WC (41%), mettre du papier au fond de la cuvette (38%) et attendre que le partenaire dorme où soit loin (33%) sont les stratagèmes les plus utilisés.

© Diogène France / IFOP

L'hygiène des cabinets : un autre facteur d'inégalités de genre

Ce que l'étude montre, enfin, c'est que la question des toilettes est un autre vecteur d'inégalités entre les hommes et les femmes. 

Nettoyer les toilettes est ainsi fait à la maison par près de 3 femmes sur 4.

© Diogène France / IFOP

Les hommes sont d'ailleurs moins soucieux de l'état de leurs toilettes. Ils sont 69% à s'être déjà fait réprimander pour diverses raisons comme l'oubli de rabaisser la lunette (ou abattant) ou bien l'absence de désodorisation des lieux après leur passage.