Banco pour ce conducteur de bus qui refuse de serrer la main des femmes

Un macho qui touche le gros lot ? Pas exactement. Après avoir été congédié pour avoir refusé de serrer la main à ses collègues femmes, Brahim M. va toucher une indemnité d'une valeur de 27 000 euros de la part de son ancienne boîte pour licenciement abusif. Une décision (surprenante) du Conseil de Prud'hommes de Clermont-Ferrand.

Banco pour ce conducteur de bus qui refuse de serrer la main des femmes
©  Mark Bowden

Cela faisait douze ans que Brahim M. conduisait les bus et tramways de Clermont-Ferrand. Pourtant, en avril 2016, il est licencié pour un motif tout à fait singulier : il refuse catégoriquement de serrer la main à ses collègues femmes. Pour son employeur, ce refus est similaire à une discrimination. "Des comportements discriminants répétés" qui ont valu à ce quadragénaire une mise à pied en 2015, d'après La Montagne"Dans une entreprise de service public, on doit se plier à certaines règles", a indiqué le responsable RH d'Epic T2C au journal. Pourtant, le Conseil de Prud'hommes, qui s'est saisi de l'affaire, a tranché le 15 janvier 2018 en la faveur de Brahim M. Ce goujat touchera une indemnité de 27 000 euros de la part de son ancien employeur pour licenciement abusif. 

Le chauffeur de bus licencié, poli malgré tout ?

Mais pourquoi refuse-t-il de serrer la main aux femmes ? Loin de lier ce refus à sa religion, Brahim M, ouvertement musulman et pratiquant, donne une autre raison dans les pages de La Montagne :"C'est plus un blocage lié à ma culture, à mon éducation. Même ado, j'étais comme ça, le contact physique avec les femmes me mettait mal à l'aise. Ça ne m'empêche pas de leur dire bonjour, de leur parler, d'être avenant". En effet, selon ses dires, l'homme ne manque pas de politesse et salue régulièrement ses collègues qui, d'après lui, ne lui rendent pas toujours son sourire. 
La Justice a constaté que "de nombreux témoignages de collègues de Brahim M. contredisaient la thèse patronale. Les attestations, rédigées indifféremment par des hommes ou des femmes, relèvent le profond respect de ce salarié pour autrui."  Aux yeux de la Justice, le comportement de Brahim M. n'est en aucun cas un "acte discriminatoire délibéré". 

Le chauffeur de bus licencié dénonce un coup monté 

Cette décision du Conseil de Prud'hommes, Brahim M. la voit comme "une victoire morale." Selon le chauffeur de bus, qui a eu du mal à retrouver un emploi après son licenciement, ses collègues "ont voulu [l]e faire passer pour la bête horrible". "La vraie discrimination, c'est moi qui l'ai subie", explique-t-il au journal La Montagne. D'après l'avocat de la défense, Maître Jean-Julien Perrin, les deux plaignantes ont déjà eu "des altercations avec des collègues de confession musulmane" et auraient poussé Brahim M. "à la faute".