Madison : "Avec mon amie, nous avons été filmées sous la douche dans une location Airbnb"

C'est une intuition qui a permis à Madison de réaliser que le propriétaire du logement loué sur une célèbre plateforme avait des intentions malsaines. Choquée par sa mésaventure, elle conseille aux jeunes femmes de prendre toutes les précautions possibles quand elles voyagent !

Madison : "Avec mon amie, nous avons été filmées sous la douche dans une location Airbnb"
© DR

Madison voulait simplement profiter des charmes de la Haute-Savoie, lors du dernier week-end de l'Ascension, avec son amie Paloma, dans un chalet proposé sur la plateforme Airbnb. La jeune femme de 27 ans avait pris toutes les précautions possibles concernant cet hébergement situé dans le village de Dingy-Saint-Clair et dont elle n'avait jamais rencontré le propriétaire. "Ce chalet était proposé sur la plateforme depuis 2018 et les commentaires, souvent écrits par des jeunes femmes seules qui voyageaient pour le travail ou pour les loisirs, étaient tous positifs. Je n'ai donc vraiment eu aucune raison de me méfier", confie Madison.

Le séjour commence bien mais les deux jeunes femmes sont étonnées de constater qu'un radio-réveil est posé sur une pile de rouleaux de papier toilette sur la machine à laver, juste en face de la douche. "Quand on loue un logement sur Airbnb, on est hébergé chez des particuliers qui ont choisi la décoration. Nous ne nous sommes pas interrogées au début car le propriétaire se prétend yogiste et nous nous sommes dit qu'il était un peu déconnecté car nous ne pensions pas que des personnes utilisaient encore ce type d'appareil". Mais le deuxième jour, Madison est saisie d'une angoisse en prenant sa douche. "Le fait de me retrouver face au radio réveil quand je me retournais m'a fait réaliser qu'il était vraiment orienté dans ma direction. Je me suis sentie observée, alors que j'étais nue et donc dans une situation de vulnérabilité".

Le réveil équipé d'une caméra © DR


Madison quitte alors précipitamment la cabine de douche et se saisit du radio réveil. "En l'examinant j'ai constaté qu'il y avait un objectif à côté de l'heure et qu'il avait des piles mais aussi une alimentation secteur. J'ai aussi remarqué qu'une carte mémoire y était insérée." Choquée par sa découverte, la jeune femme appelle Paloma. "J'ai mis quelques secondes à réaliser que j'avais été filmée nue et j'avais les jambes coupées". Le moment de sidération passé, les jeunes femmes décident de réagir car elles ne se sentent plus du tout en sécurité dans le chalet. "Nous avons appelé Airbnb pour leur signaler notre découverte mais nous avons dû communiquer en anglais avec leur service client. Or, quand on est sous le choc, il est parfois difficile de trouver les bons mots. Nous avons ensuite appelé les gendarmes qui nous ont conseillé de prendre le plus de photos du lieu et de venir les voir avec le radio réveil."

Madison et Paloma portent plainte à la gendarmerie de Thônes où les gendarmes leur demandent de s'identifier sur les images découvertes sur la carte mémoire. "Il y avait des enregistrement par tranches de 5 minutes depuis le mois de mars. Nous avons regardé uniquement ceux qui correspondaient aux heures et aux jours où nous étions présentes dans le logement".

Par la suite, les gendarmes leur ont expliqué qu'ils avaient recensé 14 autres personnes sur les vidéos mais qu'il pouvait y avoir d'autres victimes car la caméra a été achetée en 2021. Après leur signalement et le dépôt de plainte, Airbnb a supprimé l'annonce du propriétaire qui a appelé Madison pour tenter d'expliquer son geste. "Il s'est justifié en disant qu'il avait pété un plomb et qu'il avait fait ça pour combler un vide après le confinement et le départ de sa compagne. Je pense qu'il est dérangé."

Près d'un an après cette mésaventure, l'enquête est toujours en cours comme le confirme Madison qui a été durablement marquée et qui est suivie par un professionnel. "Je suis devenue paranoïaque et quand j'entre dans une pièce, je regarde s'il y a des caméras… J'ai des séquelles et cela m'a détruit", explique la jeune femme qui continue à se mobiliser pour les jeunes femmes qui, comme elle, pourraient être abusées. "Les femmes qui voyagent seules doivent se méfier des plateformes en ligne. Personnellement, je pense privilégier à l'avenir les hôtels avec un service de conciergerie", explique-t-elle avant d'ajouter : "Aujourd'hui, on ne peut plus être vraiment en sécurité et c'est la raison pour laquelle il faut avoir l'œil sur tout et écouter ses intuitions !"