Polémique Miss France : des mineurs exténués ont travaillé nuit et jour sur les robes des finalistes !

Le concours Miss France est entaché par un nouveau scandale. Alors qu'une partie des costumes ont été réalisés par les élèves d'un lycée professionnel, Mediapart révèle que ceux-ci ont travaillé dans des conditions particulièrement difficiles...

Polémique Miss France : des mineurs exténués ont travaillé nuit et jour sur les robes des finalistes !
© PIERRE VILLARD/SIPA

Strass, paillettes, victoire d'Indira Ampiot... Le concours Miss France fait rêver des milliers de jeunes filles, mais le conte de fées n'est pas sans fioritures. Mediapart a levé le voile sur un nouveau scandale au sujet de la confection de costumes pour l'élection Miss France 2023. Cette année, les costumes portés par les cinq candidates finalistes ont été réalisés par les élèves d'un lycée professionnel… dans des conditions de travail illégales.

Des apprentis (mineurs) exténués à cause du concours Miss France

Selon Mediapart, en décembre 2022, après l'élection, le rectorat et la médecine du travail ont été prévenus du rythme de travail acharné auquel les apprentis du lycée de la mode et des métiers d'art Octave-Feuillet ont été confrontés pour parvenir à finir les créations dans les temps. La plupart d'entre eux ont dû travailler de nuit et dormir au sein même de l'école sans tenir compte du Code du travail ni du fait qu'une grande partie des élèves étaient mineurs.

"Sous la pression, certaines craquent, pleurent, font des crises d'angoisse. Pour récupérer, elles doivent dormir, la tête posée sur leurs bras croisés, à même la table de l'atelier", lit-on. En outre, le soir, le lycée professionnel est également un lieu de formations pour adultes "qui ne sont en aucun cas censés croiser des mineures sur les lieux". Se pose donc la question de la sécurité des élèves.

Travail de nuit et "pression énorme" pour les élèves

"Cette année, ce projet a conduit, en raison notamment de contraintes de livraison de fournitures, à exposer quelques élèves de l'établissement à un rythme de travail trop soutenu dans les derniers jours précédant la manifestation", a confirmé le rectorat auprès de Mediapart.

Ce n'est que la veille de la diffusion de l'émission que "la directrice a été sommée de ne plus faire travailler d'élèves la nuit au lycée" a indiqué un membre de l'équipe pédagogique. Les élèves auraient déjà été soumis à ce type de contraintes de travail, notamment en novembre où ils participent à la création de chapeaux pour le défilé des Catherinettes organisé par la mairie du XVIe arrondissement.

Durant cette période de fin d'année, "les élèves sont prises dans un étau maximal, une pression énorme, même si beaucoup sont très fières et contentes de participer à ces projets", a expliqué un membre de l'équipe pédagogique. Et d'ajouter : "C'est d'ailleurs ce que disent les professeures, souvent issues elles-mêmes d'ateliers de haute couture : quand les élèves seront diplômées, elles devront travailler très dur, donc autant s'habituer. Mais on ne peut pas normaliser dès le lycée le fait de s'exonérer du Code du travail et de la protection de la santé".

Quelles réactions au scandale ?

Quant à la société qui produit Miss France, elle affirme que le lycée professionnel a été prévenu des "souhaits d'orientations artistiques" de la production dès le mois d'octobre 2022, "soit 6 à 7 semaines" avant le grand show, "pour la confection de ces cinq costumes".

Le lendemain de l'élection Miss France, la ministre déléguée chargée de l'enseignement et de la formation professionnelle, Carole Grandjean, avait chaleureusement félicité les élèves du lycée Octave-Feuillet qui ont fait "briller la voie professionnelle et les yeux des français". Mais l'entourage de la ministre a affirmé après coup, auprès de Mediapart, qu'elle n'avait nullement connaissance des conditions de réalisation de ces costumes,