Injures racistes à l'Assemblée nationale : la sanction du député RN Grégoire de Fournas est tombée !

Réunion exceptionnelle ce vendredi 4 à l'Assemblée : le Bureau devait décider du sort du député Grégoire de Fournas. Pour rappel, le 3 novembre, alors que Carlos Martens Bilongo (LFI) s'exprimait, il a lancé : "Qu'il(s) retourne(nt) en Afrique". La sanction est depuis tombée.

Injures racistes à l'Assemblée nationale : la sanction du député RN Grégoire de Fournas est tombée !
© Sipa / ABACA

[Mise à jour le 4 novembre à 17H12] Ce vendredi 4 novembre 2022, le Bureau de l'Assemblée nationale, la plus importante instance de l'institution composée de 22 personnes dont sa Présidente actuelle, se réunissait à 14h30 pour décider d'éventuelles sanctions à l'encontre du député Rassemblement National de Gironde, Grégoire de Fournas, après sa sortie de route largement qualifiée de raciste le 3 novembre dernier dans l'hémicycle. Mis à part le RN dont il est issu, tous les groupes réclament de lourdes sanctions. 

Finalement, la sanction est tombée et elle est lourde : l'Assemblée nationale a voté l'exclusion temporaire du député RN Grégoire de Fournas. Il s'agit de la sanction la plus sévère qui pouvait lui être attribuée, selon le règlement intérieur du Palais-Bourbon.

Que s'est-il passé à l'Assemblée nationale entre Grégoire de Fournas et Carlos Martens Bilongo ? 

Pour rappel, alors que son collègue député insoumis du Val d'Oise, Carlos Martens Bilongo, s'exprimait au sujet du "drame de l'immigration clandestine", et donnait son point de vue sur l'accueil du bateau Ocean Viking bloqué depuis 13 jours en Méditerranée avec 234 migrants à son bord, Grégoire de Fournas dernier a lancé : "Qu'il(s) retourne(nt) en Afrique". Une prise de parole injurieuse et raciste qui a immédiatement provoqué l'indignation générale dans l'Assemblée nationale. Et si le député, et sa famille politique, affirment depuis que ses propos étaient tenus au pluriel et visaient les migrants et non le député, Carlos Martens Bilongo a rappelé ce jeudi matin au micro de France info qu'ils étaient tout de même gravement racistes. L'homme politique de 31 ans a également expliqué vouloir des sanctions "exemplaires". "Il y a des millions de Français qui attendent cette sanction. Voici le vrai visage du Rassemblement national", a-t-il ajouté.  

Grégoire de Fournas réagit (et se fait choper sur Twitter en plein ménage)

Alors que la polémique a très vite pris, le député RN a tenté une première fois l'apaisement. "Lorsque j'ai déclaré 'qu'ils retournent en Afrique', j'ai évidemment fait référence au bateau et aux migrants que vous évoquiez. Je n'aurais jamais prononcé ni toléré une quelconque déclaration raciste ou insulte à votre égard", a-t-il fait savoir dans un courrier écrit. Mais, ce 4 novembre, sur BFM, il a finalement changé de ton... "Si réellement il l'avait entendu [sa phrase prononcée, comprise comme lui étant destinée, ndlr], il n'aurait pas repris sa question, il aurait été scandalisé comme l'ont été les autres autour de lui. Lui était dans le contexte. Le problème c'est qu'après il a senti qu'il y avait un coup à jouer. On le voit hésiter, il n'avait pas compris ce qu'il se passait. Il sent après qu'il y a un coup à jouer dans la victimisation communautaire en se définissant d'abord comme un député noir alors que moi je l'ai toujours vu comme un député français de la nation", a-t-il déclaré.

Sur Twitter, alors qu'il est largement qualifié de racistes, ses anciens tweets ont alimenté les moqueries puisqu'il a été pris la main dans le sac à faire du ménage ! 

Les sanctions qui pendaient au nez de Grégoire de Fournas 

À la sortie de ladite séance parlementaire, Yaël Braun-Pivet, la Présidente de l'Assemblée, a déclaré que les "propos tenus" étaient "des propos extrêmement graves". Avant d'ajouter : "La question sera évoquée en bureau de l'Assemblée nationale"

De son côté, le gouvernement a lui aussi immédiatement pris position. "Le racisme n'a pas sa place dans notre démocratie", a indiqué jeudi 3 novembre la Première ministre Élisabeth Borne. "Je pense que la question de sa démission se pose pour lui", a également estimé le clivant ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin au micro de BFMTV et de RMC ce jeudi matin. Le président de la république Emmanuel Macron s'est lui dit "heurté" aux propos "intolérables" du député. Quant à LFI, le groupe avait annoncé un rassemblement de soutien à son député le 4 novembre à 13h devant l'Assemblée.

Depuis, plusieurs députés de tous bords politiques ainsi que des membres du gouvernement appellent à la démission de Grégoire de Fournas. La décision finale devait donc être rendue ce vendredi après-midi et le député du Rassemblement National risquait quatre peines disciplinaires. La première : le simple rappel à l'ordre, qui n'entrainerait pas de sanction financière. Il encourait également un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal qui pourrait quant à lui entraîner la privation pendant un mois du quart de son indemnité parlementaire ou la censure qui, elle, peut entraîner la privation pendant un mois de la moitié de son indemnité parlementaire. Enfin, il s'exposait aussi à une censure avec exclusion temporaire qui entrainerait automatiquement pendant deux mois son indemnité et l'interdirait de "prendre part aux travaux de l'Assemblée et de reparaître dans le Palais de l'Assemblée jusqu'à l'expiration du quinzième jour de séance qui suit celui où la peine a été prononcée".

Grégoire de Fournas ne sera très certainement pas poursuivi pénalement puisqu'il bénéficie dans tous les cas de l'immunité parlementaire qui rend en principe impossible toute poursuite au pénal.