"Les voleurs du mois" : Un supermarché affiche leurs portraits et fait polémique

Cet Intermarché de Tarn-et-Garonne redouble d'inventivité pour arrêter les voleurs. Les gérants placardent les photos des malfrats à l'entrée du du magasin. Mais cette pratique, illégale, suscite la polémique...

"Les voleurs du mois" : Un supermarché affiche leurs portraits et fait polémique
© Capture d'écran - France 2 - L'affiche des "voleurs du mois"

C'est une initiative qui suscite la discorde. Les gérants d'un magasin Intermarché de Verdun-sur-Garonne, en Occitanie, ont décidé d'afficher les photos des visages des personnes leur ayant dérobé de la marchandise, à l'entrée du supermarché. Il s'agit d'images non floutées de caméras surveillance qui ont été imprimées. Ces clichés sont légendés d'une mention tranchante, "les voleurs du mois". Une manière d'humilier les malfaiteurs, (espérer) les empêcher de récidiver et dissuader les éventuels futurs filous. Pour les propriétaires du magasin, il s'agit de "se défendre avec leurs propres moyens", selon La Dépêche, qui a recueilli leurs propos.

"Les voleurs du mois" : une méthode dignes des USA qui choque (ou pas)

Mais cette idée, aussi inventive soit-elle, suscite la polémique. D'abord, cette méthode est illégale puisqu'elle enfreint le droit à l'image ainsi que la présomption d'innocence. D'autre part, sur le plan moral, l'initiative interroge. "On n'est pas en Amérique! Afficher la tête de ceux que l'on tient pour des voleurs est borderline. Peut-être que ces gens avaient tout simplement faim", a déploré à La Dépêche Colette, une cliente sexagénaire du supermarché.

Mais selon les gérants du magasins, les suspects principaux constituent un binôme, qui dérobent principalement des rasoirs et bouteilles d'alcool. La somme perdue à cause de ces voleurs avoisinerait les 2000 euros, ce qui est loin d'être négligeable. "Les gérants ont raison! Y a pas de justice. Je suis un ancien pompiste et j'ai été confronté au phénomène des grivèleries d'essence. Je déposais plainte, mais à chaque fois cela n'aboutissait à rien. Alors, je peux très bien comprendre l'attitude des gérants", a estimé un autre client du magasin, Gilles, âgé de 60 ans.

Les gérants du magasin risquent gros

Si cette méthode semble être efficace, puisqu'aucun vol n'a été notifié depuis, les gérants s'exposent à de sérieuses poursuites judiciaires pour "détournement de finalité, atteinte à la présomption d'innocence, atteinte au droit à l'image et à la vie privée". Ils risquent 1 an d'emprisonnement et 45 000 € d'amende.

Quant à la chaîne de magasins Intermarché, l'enseigne se désolidarise de cette pratique. "Il s'agit d'une initiative locale qui ne concerne pas l'ensemble des Intermarchés de France. Ces enseignes sont sous la responsabilité d'un groupement de chefs d'entreprise", a-t-elle déclaré à La Dépêche.