Meurtre des Troadec : Hubert Caouissin et sa femme, condamnés

Hubert Caouissin a tué son beau-frère Pascal Troadec, la femme de celui-ci et leurs deux enfants, en 2017, à cause d'un butin volé... qui n'aurait jamais existé. Le meurtrier et sa femme, Lydie Troadec, qui l'avait aidé à dissimuler les corps, ont été condamnés à...

Meurtre des Troadec : Hubert Caouissin et sa femme, condamnés
© La maison des Troadec à Orvault par SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA

[Mis à jour le jeudi 8 juillet à 16h38] Hubert Caouissin a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Loire-Atlantique, le soir du 7 juillet, après plus de sept heures de délibéré. Il avait avoué avoir tué son beau-frère Pascal Troadec, la femme de celui-ci et leurs deux enfants de 21 et 18 ans. La cour d'assises a pris en compte l'altération de discernement d'Hubert Caouissin, lui faisant bénéficier d'une réduction de peine, alors qu'il risquait la réclusion criminelle à perpétuité. Les psychiatres l'ayant examiné avaient conclu à un "délire chronique de type paranoïaque". Selon Franceinfo, les avocats de l'accusé étaient satisfaits du verdict: "Nous avons le sentiment d'avoir été entendus".
Quant à sa conjointe Lydie Troadec, qui l'avait aidé à dissimuler les corps, elle a été condamnée à trois ans de prison, dont deux ferme avec mandat de dépôt, pour "modification de scène de crimes" et "recel de cadavre".

Hubert Caouissin était jugé depuis le 22 juin pour ce quadruple-meurtre commis dans la nuit du 16 au 17 février 2017 à Orvault, en Loire-Atlantique. 
Le 30 juin, plusieurs témoins s'étaient succédés à la barre, dont une ancienne collègue d'Hubert Caouissin, qui s'était souvenu de l'attitude étrange de l'accusé au bureau, après le meurtre. "Devant l'imprimante, il répétait en boucle qu'il faisait des rêves : une berline noire dans laquelle il y avait des morts", s'était-elle remémorée, d'après Ouest-France.
Elle s'était alors rendue dans le bureau de leur supérieur pour faire part de son inquiétude: "Comme je savais qu'il avait fait un burn-out, j'étais inquiète pour lui".

Hubert Caouissin : son "absence d'émotion"

L'avocat d'Hubert Caouissin, Me Thierry Fillion, a également interrogé son client sur son "absence d'émotion" durant le procès: "Vous avez déclaré que vous n'étiez plus le même depuis votre incarcération et vos traitements. Votre absence d'émotion rend-elle selon vous plus difficile votre comparution devant la cour d'assises?". Une question à laquelle l'accusé a répondu par l'affirmative: "Parce que je ne peux pas montrer qui j'étais avant Orvault".

La scène de crime analysée

La veille, le 29 juin, plusieurs experts scientifiques ont analysé la scène de crime afin d'infirmer ou confirmer les dires de l'accusé sur la terrible nuit du quadruple meurtre. L'audience a pu observer de manière virtuelle le pavillon d'Orvault, où les quatre membres de la famille ont été tués, grâce à une "modélisation panoramique", selon Le Point.
Si Hubert Caouissin avait assuré qu'une violente bagarre avait surgi ce soir-là, entre lui et les quatre membres de la famille Troadec, et avait dégénéré au point de finir en quadruple-meurtre, l'expert en traces de sang, le Dr Quinquis, n'est guère convaincu par cette version des faits. Il affirme que les deux enfants de Pascal Troadec, âgés de 20 et 18 ans, ont notamment subi des "violences sanglantes" sur leur lit, alors qu'ils étaient allongés

Le président de la cour d'assises, lui, a une hypothèse précise sur la façon dont les faits auraient pu se dérouler. Il aurait pu, en entrant dans le pavillon, se diriger directement vers les chambres du rez-de-chaussée. Là, il aurait violenté les enfants des Traodec pendant qu'ils dormaient, ce qui aurait réveillé les parents, qui dormaient à l'étage et auraient été frappés à leur tour. Une version des faits que l'accusé a totalement niée.

Cœur retiré, chair brûlée... l'atrocité décryptée

Après le crime, Hubert Caouissin a pris trois jours pour dépecer, éviscérer et brûler les corps des victimes. Une atrocité sans nom. Les os avaient "été broyés et dispersés près du poulailler", selon Le Point, tandis que l'accusé avait jeté dans les orties les viscères. Quant au cœur de Pascal Troadec, il avait tout simplement été retiré. Hubert Caouissin a affirmé qu'il ne se souvenait plus de cet épisode, mais a tout de même déclaré: "J'ai eu un problème avec Pascal à la fin".
"Ce qu'a fait le mis en cause avec le cœur ne ressemble à aucune technique d'éviscération connue… Que ce soit en médecine légale, en chasse ou en boucherie… Ce n'est en théorie possible qu'en désossant le corps et c'est très difficile à réaliser en termes de technicité", a déclaré le médecin légiste. Autant d'éléments qui pourraient supposément indiquer une préméditation.

Une famille tuée, démembrée et brûlée

Ce terrible soir de février 2017, Hubert Caouissin avait débarqué au domicile de son beau-frère Pascal Troadec, muni d'un cahier, un appareil photo et un stéthoscope... afin d'espionner les conversations familiales autour d'une hypothétique fortune volée.
Selon la version des faits d'Hubert Caouissin, la conversation aurait dégénéré et il aurait fini par tuer les quatre membres de la famille à l'aide d'un pied-de-biche.

Le lendemain du meurtre, il avait enfilé les vêtements de son beau-frère, les siens étant tâchés de sang, puis avait accouru auprès de sa femme pour lui avouer ses crimes, à Pont-du-Buis, en Bretagne où ils vivaient dans une ferme avec leur fils de 8 ans.
Il avait alors chargé les quatre corps dans la voiture de Sébastien Troadec, l'un des fils de Pascal qu'il venait de tuer. Puis, il avait démembré les corps avant de les brûler.

Au bout de quelques jours sans nouvelles, la sœur de Brigitte, épouse de Pascal Troadec, s'était inquiétée. Elle avait alors décidé de faire un tour au domicile de sa sœur afin de s'assurer que tout allait bien. Mais en pénétrant dans le pavillon, son terrible pressentiment ne s'était que davantage exacerbé. Elle y avait découvert des traces de sang nettoyé

Hubert Caouissin avait-il prémédité le quadruple-meurtre ?

Finalement, la découverte de l'ADN d'Hubert Caouissin au sein du pavillon ainsi que plusieurs autres éléments avaient permis de le placer en garde à vue, avec son épouse Lydie Troadec, environ deux semaines après le drame.
Désormais, il s'agit de déterminer s'il y a eu préméditation. La sœur de Brigitte Troadec, elle, est persuadée qu'Hubert Caouissin avait bien prévu de tuer la famille. Mais "l'enquête n'a pas permis de démontrer avec certitude la préméditation", lit-on dans l'ordonnance de mise en accusation, selon Le Monde.
Dans un ordinateur de l'accusé, les enquêteurs ont notamment retrouvé le dossier "crapules", dans lequel celui-ci avait placé des fichiers dont le but était de "faire tomber judiciairement" Pascal Troadec et son épouse, étant persuadé que ceux-ci avaient volé le magot familial.

Un magot... qui n'a "jamais existé" ?

La légende (de famille) racontait que ce fameux magot avait été soi-disant retrouvé à l'époque de la Libération par le beau-père d'Hubert Caouissin, décédé depuis des années, et qu'il avait été caché dans son grenier à Brest. Désormais, Lydie Troadec pense que cet or "n'a jamais existé", a-t-elle expliqué le premier jour du procès. Son frère et sa famille auraient-ils donc été tués par son mari pour une simple chimère?

Selon les psychiatres, Hubert Caouissin souffrait d'une "forme particulière de paranoïa délirante" due en partie à un burn-out, à l'époque du meurtre. Selon Ouest-France, lors de l'audience, Lydie Troadec a montré des signes de remord: "Je ne croyais pas qu'il allait si mal que ça. Je n'ai rien vu. Je suis passé à côté. Si je ne m'étais rendue compte... Je culpabilise".