Jacques Rancon, le tueur de la gare Perpignan condamné pour ses horreurs

Jacques Rancon, le tueur de Perpignan au "regard sadique", a été condamné à Amiens pour le viol et le meurtre d'Isabelle Mesnage, tuée il y a 35 ans et mutilée... Procès.

Jacques Rancon, le tueur de la gare Perpignan condamné pour ses horreurs
© Jacques Rançon - Capture d'écran - France 3

[Mis à jour le lundi 14 juin à 9h59] On le surnomme le "tueur de la gare de Perpignan". Jacques Rançon a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de sûreté de 20 ans, pour le viol et le meurtre d'Isabelle Mesnage, jeune femme de 20 ans retrouvée morte le 3 juillet 1986 dans un bois de Cachy, près d'Amiens.
Son avocat, Me Gérald Brivet-Galaup, a réagi auprès de l'AFP: "Nous ne sommes pas très surpris. Le délibéré a quand même duré plus de quatre heures. Dans un dossier pareil, c'est une petite victoire car cela démontre que le verdict a été discuté". Et d'ajouter: "La logique voudrait qu'il fasse appel".
A l'époque du meurtre, Jacques Rançon n'était pas identifié comme un criminel. Le corps d'Isabelle Mesnage avait été retrouvé avec ses vêtements en partie déchirés, mais face au manque de réponses, l'enquête avait été classée avec un non-lieu, en 1992.

Puis, quelques années plus tard, deux autres meurtres sont perpétrés à Perpignan. En 1997 et 1998, Moktaria Chaïb, 19 ans, et Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, sont tuées et mutilées, notamment au niveau de leurs parties génitales.

Jacques Rançon, un "monstre"

Les années passent et Jacques Rançon est condamné plusieurs fois pour agressions sexuelles. En 2014, un nouveau logiciel du fichier national des empreintes génétiques (FNAEG) permet d'identifier l'ADN de Jacques Rançon sur une chaussure de la victime Moktaria Chaïb. 

Arrêté par les enquêteurs, le tueur reconnaît alors le meurtre et le viol de la jeune femme. "Quand on l'a vu, c'était un moment exceptionnel. On s'imaginait tous que c'était un monstre. Et je dirais que l'on n'a pas été déçu ", a expliqué le commissaire Gilles Soulié, lors du procès en 2018. Et d'ajouter: "Ça fait trente ans que je fais ce métier et je n'ai jamais vu ça".

Jacques Rançon, condamné à la perpétuité

Peu après l'audience, Sabrina H. reconnaît la photo de Jacques Rançon dans le journal. C'était lui, son agresseur, celui qui l'avait laissée pour morte après l'avoir violée en 1998, l'homme dont le "regard sadique" la hante encore.

Le tueur en série, lui, reconnaît avoir agressé la jeune femme et avoue le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez. L'homme de 61 ans a été condamné en 2018 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le viol et le meurtre de ces femmes.

Meurtre d'Isabelle Mesnage, résolu 35 ans après ?

Mais alors, comment les enquêteurs ont-ils pu remonter la piste de Jacques Rançon pour résoudre le meurtre d'Isabelle Mesnage, tuée il y a presque 35 ans?

Les avocats Corinne Herrmann et Didier Seban ont tous deux repéré les ressemblances du modus operandi de chaque meurtre avec celui d'Isabelle Mesnage. Par exemple, la mutilation des parties génitales et la manière dont elles ont été pratiquées. 

"Le rapprochement a pu être fait parce qu'on n'est vraiment pas loin du lieu où a eu lieu un viol pour lequel Rançon a été condamné (en 2002, ndlr), et parce que les blessures infligées à la victime, nous font penser aux mutilations qu'a pratiqué Rançon à Perpignan", a détaillé Didier Seban, avocat des parents d'Isabelle Mesnage. 

D'autres meurtres en Picardie ?

L'enquête a alors été rouverte en 2018. Le tueur de Perpignan, lui, a d'abord nié les faits avant de les avouer en racontant des détails précis du meurtre.

Le parquet a expliqué qu'il avait "enlevé Isabelle Mesnage le jour de sa disparition alors qu'elle faisait du stop. Il l'avait frappée, violée avant de l'étrangler. Il avait ensuite porté atteinte à son corps avec le même mode opératoire que celui qui sera utilisé pour ses futures victimes en 1997 et 1998". Il assure qu'il s'agissait de son tout premier meurtre.

Mais peu après, Jacques Rançon a finalement fait marche arrière et a de nouveau nié être le meurtrier d'Isabelle Mesnage, ajoutant qu'il aurait été poussé par les enquêteurs à avouer le meurtre.

"Notre souci est qu'on s'intéresse aussi à son parcours parce qu'on pense qu'il peut y avoir d'autres crimes en Picardie, mais aussi sur le territoire français", a ajouté l'avocate Corinne Herrmann.

Le casier judiciaire, déjà lourd, du tueur de Perpignan pourrait bien s'alourdir davantage.