Rongé par le cancer, Axel Kahn accepte la mort et offre une belle leçon de vie

Le généticien Axel Kahn, président de la Ligue contre le Cancer a annoncé le 11 mai se mettre en retrait de son poste, lui-même atteint d'un cancer. Il sait qu'il lui reste très peu de temps à vivre et le prend avec philosophie, profitant de chaque instant, mais se souvenant aussi du suicide de son père...

Rongé par le cancer, Axel Kahn accepte la mort et offre une belle leçon de vie
© Axel Kahn en 2015 / SIPA

Il le dit lui-même, "Je suis en train de parcourir l'itinéraire final de ma vie." Invité sur la matinale de France Inter, le généticien Axel Kahn a annoncé se mettre en retrait de ses fonctions à cause de son propre cancer qui s'est aggravé ces derniers temps. 

"Ma maladie a été rendue publique à partir du moment où elle ne pouvait plus être tue. Je lutte contre le cancer et il se trouve que la patrouille m'a rattrapé. Moi aussi, j'ai un cancer," a déclaré Axel Kahn, se retirant après près de cinquante années dédiées à la science

Déchiré par le suicide de son père

Né en 1944 dans un petit village d'Indre-et-Loire, Axel Kahn est le fils du philosophe Jean Kahn et le petit frère du journaliste Jean-François Kahn, le créateur de Marianne. Après le baccalauréat qu'il obtient avec mention, il fait des études de médecine et devient interne des Hôpitaux de Paris à l'hôpital Lariboisière notamment. En 1967-1968, durant son service militaire, il est médecin-chef dans la préfecture de Haute-Kotto en République centrafricaine.

En 1970, son père se suicide, lui laissant une lettre dans laquelle il lui demande "sois raisonnable et humain. Tu es sans doute, de mes fils, le plus capable de faire durement les choses nécessaires". 

Endeuillé, Axel Kahn a vécu un véritable "cataclysme". Dans un entretien accordé à France Culture en avril dernier, il s'est confiait sur "cette douleur jamais dissipée" et sur l'horreur d'avoir dû identifier la dépouille abîmée de son père qui avait décidé de mettre fin à ses jours en se jetant sous un train à Mantes-la-Jolie.

Une leçon de vie et d'optimisme

Le cancérologue affirme dans un texte publié sur son blog et les réseaux sociaux affronter ce combat sans peur: "C'est intéressant comme expérience. On ne la vit qu'une seule fois puisque, ensuite, on est mort. Je le vis, je ne le fais pas en chantant, j'aime la vie. Mais je ne le fais pas non plus dans la terreur. Je le fais avec détermination", affirme-t-il.

Selon lui, cette période de sa vie est sûrement l'une des plus intéressantes où il va pouvoir accomplir des choses qui comptent réellement. "J'ai souvent dit que personne n'est autre chose que ce qu'il fait. Imaginons qu'il me reste trois, quatre semaines à pouvoir faire, alors le choix de ce que je fais, la manière dont je le fais sont plus importants que jamais." considère-t'il toujours au micro de France Inter.

Un peu après, il profite de l'une de ses dernières interventions médiatiques pour s'interroger sur le sens du bonheur, lui qui vient de passer son week-end de l'Ascension avec sa famille à la campagne pour dire au revoir à sa jument

"Qu'est-ce que c'est que le bonheur ? C'est le moment à partir duquel vous vivez ce que vous espériez vivre, où il y a adéquation entre votre ressenti de votre vie et ce que vous en espériez. Mort ou pas mort, j'ai été intensément heureux. La communion entre moi et mes enfants, qui savaient que c'était une transmission, était magnifique. Entre moi et ma compagne, avec qui je vis depuis si longtemps, la manière dont elle me regardait amoureusement, c'était magnifique." conclut-il, affirmant ne pas craindre la mort qui, pour un médecin comme lui, est une vieille amie.