Sébastien, le baryton star reconverti en livreur, symbole de la crise

La pandémie de Covid-19, mais aussi les restrictions et confinements ont bouleversé le quotidien de nombre de Français. Comme celui de Sébastien Soules, chanteur d'Opéra reconnu dans le monde entier... devenu livreur à vélo.

Sébastien, le baryton star reconverti en livreur, symbole de la crise
© C à Vous / France 5

Expatrié à Vienne en Autriche, Sébastien Soules était jusqu'à ce fameux mois de mars 2020 un Baryton reconnu à l'international qui se produisait sur les plus grandes scènes.
Il y a un an, il chantait Carmen avant que la crise du Covid ne vienne complètement bouleverser sa vie.
Il était également apparu dans le James Bond Quantum of Solace lors de la scène à l'Opéra de Brégence. Un reportage du journaliste Tancrède Bonora pour C à Vous sur France5 s'est intéressé à la vie chamboulée de cet artiste. 

De baryton à livreur, un destin qui émeut

Dans ce reportage, on découvre Sébastien Soules, revenu dans sa ville natale de Blois et obligé de travailler comme livreur. 

Ne travaillant pas en France, il n'a pas eu le droit aux congés spectacles prévus pour les intermittents

Alors, chaque jour, il enfourche son vélo et parcours des dizaines de kilomètres pour livrer des repas. Sa situation, alarmante, est en train de devenir le symbole des difficultés que rencontre le milieu de la culture depuis un an et des critiques exacerbées contre un gouvernement accusé de toutes part d'abandonner le secteur culturel.  

Le baryton s'en explique d'ailleurs au micro de France5 : "Pardon à l'avance pour la violence des propos mais c'est juste criminel. Les mamelles d'une société sont l'éducation et la culture. Victor Hugo deviendrait fou s'il voyait ça ! C'est un champ de ruines, c'est Verdun ! Les 2/3 ne vont pas s'en remettre."

Sébastien Soules a conscience que son quotidien est devenu nettement plus compliqué depuis un an, notamment pour la quantité de kilomètres qu'il doit parcourir pour gagner un minimum. 

Le jour du reportage, il gagnait 68 euros dans la journée après avoir parcouru 76 kilomètres. Après URSSAF, son revenu net atteint les 56 euros. Mais il pense également à la génération de son fils, qui pâtit largement de la situation. 

Il confie d'ailleurs faire en partie cela pour son fils: "J'ai une fils de dix-huit ans qui est en train de galérer. C'est l'horreur pour lui, il a craqué en distanciel. Ce qui me fait tenir et ce qui me fait rouler, c'est de lui payer ses trucs et d'être là pour lui. Cela fait belle lurette que j'aurais laissé tomber sinon. Demain par exemple je vais lui acheter un frigo. C'est con parce qu'avant, un frigo, c'était facile… Je roule, pour acheter un frigo (…) En supposant que le frigo me coûtera 150 euros, ça fait à peu près trois jours et 200 bornes…"

Son destin émeut beaucoup de personnes, dont Christophe Dechavanne qui a partagé le reportage sur son compte Twitter et a pu recueillir les témoignages de ses fans:

"Que d'émotions.. que de courage.. bravo l'ARTISTE.. Merci Christophe  pour le transfert de cette vidéo,  si touchante.. a tous  points de vue.." ou bien encore "J'ai le coeur brisé. Bon courage! Votre fils a de la chance de vous avoir.

Sébastien Soules a finalement trouvé le moyen de concilier ses deux activités puisqu'il s'est mis à livrer à domicile des airs d'Opéra, en attendant de pouvoir retrouver ses lieux favoris.