Héritage de Jean-Loup Dabadie : sa veuve répond aux accusations

Près d'un an après la mort de Jean-Loup Dabadie, son héritage déchire sa veuve et ses enfants. Sa fille aînée, Clémentine Dabadie-Fombonne, a porté plainte contre sa belle-mère, qui a répliqué sur BFM TV...

Héritage de Jean-Loup Dabadie : sa veuve répond aux accusations
© Véronique Bachet-Dabadie - Capture d'écran BFMTV

[Mis à jour le 15 mars à 16h27] Véronique Bachet-Dabadie a fait valoir son droit de réponse, sur le plateau de BFMTV, le 13 mars. Accusée par sa belle-fille Clémentine Dabadie-Fombonne d'avoir volé l'héritage de son défunt mari Jean-Loup Dabadie, elle a déclaré: "C'est très choquant. Il y a un testament entre les mains de notaires. Mon mari, en toute conscience, a fait un testament manuscrit en l'an 2000, une donation en l'an 2002, qui me donne l'usufruit des droits d'auteur, du droit moral. Ils ne sont pas déshérités, je suis usufruitière, ils ont la nu-propriété". Les trois enfants du journaliste ne disposent donc pas de l'usufruit de ses biens. "Ils ne sont pas spoliés", a-t-elle assuré.

Clémentine Dabadie-Fombonne avait, entre autres, reproché à sa belle-mère d'avoir conservé l'épée d'académicien de Jean-Loup Dabadie, 

"L'épée de mon cher époux, dont je suis très fière, (...) elle est là", a déclaré Véronique Bachet-Dabadie, l'objet à la main. Et de préciser: "J'en suis l'usufruitière. Certes, il y a les initiales des enfants, ils auront l'épée quand je tomberai de vélo".

Quant aux autres objets qui seraient introuvables selon la fille du romancier, tels que des tableaux ou des pipes, Véronique Bachet-Dabadie a assuré: "La collection de pipes, ça appartenait au grand-père, elle est à l'Ile de Ré, elle est dans une boîte (...) Mon mari n'avait pas de tableaux de maître, il faut quand même avoir de certains moyens pour acheter des tableaux de maître".

"Je ne suis pas arrivée à temps pour voir mon père vivant"

Clémentine Dabadie-Fombonne s'était également exprimée sur BFM TV, quelques jours plus tôt : "Je ne suis pas arrivée à temps pour voir mon père vivant, c'est un trou dans le cœur qui ne se refermera jamais (...) Elle m'a prévenu trop tard".

Elle a ajouté qu'elle s'entendait relativement bien avec sa belle-mère, jusqu'à la découverte du testament.

Héritage de Jean-Loup Dabadie : ce que sa fille reproche

Après la mort, vient la délicate question de l'héritage. Comme pour son fidèle ami Johnny, l'argent de Jean-Loup Dabadie, décédé à 81 ans en mai 2020, suscite de nombreuses tensions sur son clan.

La fille aînée du romancier et journaliste, Clémentine Dabadie-Fombonne, entend ne pas se laisser faire. Elle a déposé plainte contre sa belle-mère Véronique Bachet-Dabadie pour "abus de confiance", "vol" et "recel".

Pour la fille de l'homme de lettres, il est "juste" que "cette femme, qui a passé vingt-trois ans de sa vie" avec Jean-Loup Dabadie, "vive en pleine sécurité, qu'elle soit protégée". Mais elle n'est pas prête à renoncer à tout ce qu'aurait pu lui léguer son père : "Que nous n'ayons rien et que l'héritage ait été volé, ça n'est pas juste". 

La principale intéressée, elle, a fustigé des propos "tout aussi contraires à la réalité qu'insensés", et a dénoncé une "pure diffamation", auprès du Monde.

Des objets de Jean-Loup Dabadie volés ?

Mais qu'est-ce qui fait dire à Clémentine Dabadie-Fombonne que l'héritage de son père aurait été volé par sa belle-mère

D'abord, lors d'un inventaire réalisé en juillet 2020 dans l'appartement de l'homme de lettres, rue de Passy, à Paris, le montant total de ses biens a été estimé à 3 010 euros.

Dans sa maison aux Portes-en-Ré, sur l'Île de Ré, un autre inventaire a été fait en septembre 2020, et le montant des biens s'est élevé à 4 450 euros.

Or, Clémentine Dabadie-Fombonne, assure que les objets qu'elle aurait "aimé toucher, regarder, avoir éventuellement" s'étaient volatilisés. 

Par exemple, la plupart des montres de Jean-Loup Dabadie, qui étaient si chères à son cœur, avaient disparu. "Le temps, chez mon père, c'était quelque chose de très important dans son œuvre", a-t-elle commenté avec nostalgie.

Des stylos de valeur, mais aussi le Soleil noir, tableau du peintre américain Alexander Calder, et une lithographie de Paul Klee sont également introuvables.

"Il a été démontré à l'ouverture du coffre, à l'inventaire devant témoins, notaires, commissaire-priseur, la présence de stylos, ainsi que des montres dans un coffret préparé à cet effet. Quant aux tableaux évoqués, je n'en connais pas l'existence. Mon mari a eu d'autres demeures à Paris avant ma vie avec lui", s'est justifiée Véronique Bachet-Dabadie.

Où est l'argent ?

Autre point qui soulève les soupçons: le décalage entre la fortune retrouvée de l'auteur de chansons et le pactole qu'il avait touché au cours de sa vie.

Véronique Bachet et Jean-Loup Dabadie, en 2016 © Gael Colliquet /MMP/SIPA

"Mon père, qui travaillait depuis l'âge de 17 ans, était l'un des auteurs français les mieux rémunérés, au théâtre, au cinéma. Il a écrit plus de 300 chansons", a expliqué sa fille, qui a ajouté qu'il n'était pas dépensier et menait un "train de vie modeste".

"Pourtant, au jour de son décès, les actifs bancaires de M. Jean-Loup Dabadie ne s'élevaient qu'à 1 900 000 euros, somme modeste compte tenu de la carrière qu'il avait menée et du montant de ses droits d'auteur encaissés par les organismes de gestion collective, qui peut être estimé – a minima – à la somme annuelle de 300 000 euros", lit-on dans la plainte dévoilée par Le Monde.

Un testament remis en question ?

Quid du testament? Il a été réalisé en juillet 2002, soit près de 18 ans avant la mort de Jean-Loup Dabadie. "Il a fait un testament en bonne et due forme et en toute conscience où il me porte usufruitière", a assuré sa veuve.

C'est donc elle qui touchera les droits d'auteur de l'homme de lettres. La fille de Jean-Loup Dabadie ne s'y oppose pas catégoriquement, mais note que "peu de temps après son mariage avec M. Jean-Loup Dabadie, Mme Bachet a mis en place une stratégie d'isolement, visant à faire le vide autour de son époux et à mettre la main progressivement sur l'ensemble de son patrimoine". 

Les enfants de Jean-Loup Dabadie face à l'héritage : "stupeur et tremblements"

Les trois enfants du défunt journaliste ne sont pas déshérités, mais ne pourraient percevoir qu'une maigre part de l'héritage.

Quant au benjamin, Florent, il soutient sa sœur dans sa démarche. "La découverte du testament de mon père a été pour tous, sauf ma belle-mère évidemment, stupeur et tremblements", a-t-il confié au Monde.

Me Isabelle Wekstein, l'avocate de Clémentine Dabadie-Fombonne a déploré : "Aujourd'hui, Clémentine et ses frères devraient payer au moins 300 000 euros de droits de succession (100 000 euros chacun, ndlr) alors que pour l'instant ils ne perçoivent rien".