LAËTITIA, sur France 2 : ce fait divers atroce qui a choqué la France

C'est une histoire poignante. Les premiers épisodes de la série LAËTITIA ont été diffusés le 21 septembre sur France 2. Ils relatent avec profondeur et intelligence le terrible fait divers qui a secoué la France en 2011... et tentent de nous faire prendre conscience des drames qui ont poussé la jeune femme à sa perte. Car Laetitia a été victime de la cruauté des hommes toute sa vie. De sa plus tendre enfance jusqu'à sa mort.
Son père Franck Perrais viole et frappe sa mère en 1993, alors qu'elle n'a pas encore l'âge de lire.
Avec sa sœur jumelle, elles sont élevées un temps par leur grand-mère, puis retournent chez leur père une fois que celui-ci sort de prison. Leur mère, quant à elle, est placée en hôpital psychiatrique. Mais durant ces années chez leur géniteur, les filles sont maltraitées, frappées, mises plus bas que terre. Elles sont finalement prises en charge à l'ASE (Aide Sociale à l'Enfance).

Laetitia, une jeune femme traumatisée

Après quelques années, Laetitia Perrais et sa sa sœur Jessica sont confiées à une famille d'accueil, les Patron, à Pornic. 

En 2011, Laetitia est devenue une jeune femme. Dans le cadre de la préparation d'un CAP de serveuse, elle travaille à l'hôtel de Nantes à La Bernerie-en-Retz, aime rouler l'après-midi en scooter, a un petit-ami, et mène une existence paisible. 

L'avenir est plein de promesses. Du moins, en apparence. Les semaines avant sa mort, la jeune femme de 18 ans rédige des lettres d'adieu et prévoit visiblement de se suicider dans les prochains jours...

La rencontre avec la mort

Le 18 janvier 2011, elle rencontre Tony Meilhon, un criminel multirécidiviste, déjà condamné pour vol de voiture, viol en réunion, et plusieurs vols à main armée.

Fascinée par cet homme dont elle ignore le parcours criminel, la jeune femme se laisse séduire, fume un joint avec lui sur la plage, et le retrouve le soir, après son service à l'hôtel de Nantes. Une succession de prises de risques qui détonnent avec le comportement habituel de la jeune femme de 18 ans, responsable et prudente.

Elle passe la soirée dans un bar avec lui et sniffe même de la cocaïne, contrairement à ses habitudes, puis celui-ci l'emmène au Cassepot, au domicile de son cousin, qui est absent ce soir-là. À cet instant, Laetitia Perrais ne sait pas qu'elle vient de signer son arrêt de mort... 

Une terrible nuit

Tony Meilhon la viole, mais la jeune femme tente de résister, se débat, le somme de la ramener à son scooter, garé devant l'hôtel de Nantes. C'est là qu'Anthony Deslandes, fils de la patronne de l'établissement, aperçoit la jeune femme se disputer violemment avec Tony Meilhon. Supposément, celle-ci aurait menacé le multirécidiviste de porter plainte pour viol. De quoi susciter la colère de l'homme de 31 ans, peu enclin à l'idée de retourner en prison. 

Alors que Laetitia prend la route à scooter, Tony Meilhon la poursuit pour tenter de l'arrêter. À quelques dizaines de mètres du domicile des Patron, où elle réside encore, il la renverse, la met dans son coffre et la tue par strangulation dans un bois, avant de lui porter plus de quarante coups de couteau. Il découpe ses membres et les jette dans l'étang du Trou Bleu, situé à Lavau-sur-Loire, en Loire-Atlantique.

Le lendemain, c'est sa sœur jumelle Jessica Perrais qui s'aperçoit de sa disparition en découvrant son scooter près de leur maison d'accueil. L'alerte est lancée et les enquêteurs remontent la piste de l'assassin. Tony Meilhon est arrêté, mais nie en bloc, dans un premier temps.

De manière impromptue, dans sa cellule de garde à vue, il entonne un chant obscène: "Oh Laëtitia, qu'est-ce que t'étais bonne, je me suis pas ennuyé oh la la, ton petit corps, ça vaut trente ans de prison. (…) Oh Laëtitia la gendarmerie n'a rien pu faire pour toi".

Ces sinistres paroles, enregistrées par un gendarme, constituent un aveu. 

Coup de théâtre : le père d'accueil mis en examen

Après que les membres de la jeune femme sont retrouvés par la police, c'est le coup de théâtre. Gilles Patron, père d'accueil des jumelles, est mis en examen pour "viols et agressions sexuelles par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction".

La terrible vérité éclate : Jessica admet que celui-ci la viole depuis ses 16 ans et tout porte à croire qu'il aurait également agressé sexuellement Laetitia à plusieurs reprises. D'autres victimes portent plainte contre lui.

Gilles Patron, décrit comme "un sujet intelligent, voire très intelligent, totalement exempt de toute pathologie psychiatrique franche et avérée", selon le psychiatre Pierre Caillaux, est condamné à 13 ans de réclusion criminelle.

Laetitia, victime des hommes

Quant à Tony Meilhon, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté. En 2015, la cour d'appel de Rennes confirme le verdict. 

Toute sa courte vie, Laetitia a subi la violences des hommes, de la maltraitance de son père, aux agressions sexuelles supposées de Gilles Patron... jusqu'à son assassinat par Tony Meilhon. "Je suis convaincu que cette histoire en dit long sur notre société. On voit bien que le parcours de Laëtitia l'a placée à trois reprises en face de masculinités toxiques", a analysé Jean-Xavier de Lestrade, réalisateur de la série Laëtitia, dont les trois derniers épisodes seront diffusés le 29 septembre à 21h05 sur France 2.