Viol d'une patiente à l'Hôpital de Neuilly: l'infirmier condamné

Coupable du viol d'une jeune femme mannequin à l'Hôpital Américain de Neuilly-sur-Seine, un infirmier a été condamné à 14 ans de réclusion, avec interdiction définitive d'exercer une activité médicale. Récit des faits.

Viol d'une patiente à l'Hôpital de Neuilly: l'infirmier condamné
© Tyler Olson/123RF

Le procès avait débuté le 17 septembre 2020 : un infirmier employé par l'Hôpital Américain de Neuilly-sur-Seine était accusé de viol par une des patientes. L'homme de 51 ans, prénommé Mohamed, aurait abusé d'une jeune femme sous traitement psychotropique lourd, la pénétrant avec ses doigts puis son pénis sans son consentement.
Ce dernier, qui a d'abord nié les faits, avait ensuite déclaré avoir eu une seule relation sexuelle consentie avec la victime, qui lui aurait fait des "avances".
Le criminel a été condamné à 14 ans de prison par la Cour d'Assises des Hauts-de-Seine pour "viol sur personne particulièrement vulnérable" et sous "soumission chimique". Cette peine, moins lourde que celle requise par le ministère public, a été assortie d'une interdiction définitive d'exercer toute profession médicale et paramédicale, d'un suivi socio-judiciaire durant cinq ans et d'une injonction de soins. 

Un traitement explosif

Les faits remontent à la nuit du 4 au 5 février 2018 : la jeune femme, alors mannequin et épileptique, est  hospitalisée pour une infection médicamenteuse. "Elle était passée de 50 à 41 kg en neuf mois, était anorexique, en dépression", a décrit Dominique Borron, l'avocat général en charge du procès.

Très vulnérable, elle dit subir un lourd cocktail d'antiépileptiques, antihistaminiques et anxiolytiques qui la "shootait"

"J'étais très mal, j'avais des boutons sur tout le corps, de la fièvre, je pouvais à peine marcher. J'avais une pleine confiance dans cet établissement, ma famille se fait soigner là-bas. Mais mon allergie continuait à se propager.", a-t-elle expliqué à la barre le 18 septembre, comme le rapporte le Parisien.

C'est le même infirmier qui lui administre ses médicaments tous les soirs. "Il me disait que je ressemblais à Julia Roberts, il insistait beaucoup sur ma pathologie et les troubles de la mémoire qu'elle me provoquait." a affirmé celle qui est aujourd'hui âgée de 34 ans.

"Je ne pouvais pas bouger..."

Le soir de l'agression, l'homme aurait fait de nombreux aller et retours dans la chambre de la patiente : il serait resté 57 minutes auprès d'elle sans qu'elle ne nécessite de soins particuliers. Puis, vers minuit, il aurait commis un viol.

"J'ai entendu la porte s'ouvrir, le bruit d'un bouton-pression, j'ai senti ses mains de sur moi… Il a mis ses mains sous mon legging, il a mis ses doigts dedans, je l'entends dire 'T'es mouillée'.  J'ai senti tout son poids sur moi. J'étais comme enfermée en moi-même, je ne pouvais pas bouger, j'avais l'impression de me débattre mais je ne pouvais rien faire du tout. Je l'entends dire Je te vois pas, parce que j'étais couchée sur le ventre. Je sens tout son poids sur moi. Il m'a violée… Il m'a violée… ", a raconté l'ex-mannequin.

Quelques minutes après le viol, la trentenaire aurait ressenti des douleurs au bas du ventre et aurait saigné en se rendant aux toilettes.  "J'avais l'impression qu'il s'était passé quelque chose mais je voulais être sûre avant d'accuser quelqu'un", a t-elle continué à la barre, se remémorant ses souvenirs atroces et difficiles.

Elle aurait ensuite reçu un étrange SMS dans lequel était simplement écrit "Désolé ma belle". Un numéro inconnu qui aurait été authentifié comme celui de l'homme en question...

C'est finalement après plusieurs jours de flashs et de reconstitution qu'elle a choisi de porter plainte contre l'établissement,. Après un examen gynécologique, des traces de sperme pouvant correspondre à celui de l'accusé ont été prélevées sur plusieurs de ses sous-vêtements ainsi que dans son vagin.

Déjà condamné en 2012

Ce père de famille de nationalité algérienne était employé par l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine depuis 2006.

Il avait déjà été condamné pour "agression sexuelle sur personne vulnérable" en 2012 dans un autre hôpital à Nanterre.  Des faits dont l'établissement des Hauts-de-Seine n'avait pas connaissance selon son conseil. 

Selon 20 Minutes, les experts n'ont décelé chez cet homme aucune pathologie mentale, mais un besoin fort de "réassurance sur sa virilité". La cour a elle relevé dans son jugement une "réelle dangerosité criminologique" et une "incapacité d'introspection qui laissent craindre une récidive".