Affaire Augustin à Lyon : que s'est-il réellement passé ?

L'enquête sur la supposée agression d'Augustin à Lyon a fait remonter à la surface des éléments troublants. Les jeunes filles qu'Augustin aurait défendues ont livré une version des faits qui contredit celle de la famille du jeune homme...

Affaire Augustin à Lyon : que s'est-il réellement passé ?
© jackmalipan/123RF

[Mis à jour jeudi 27 août à 11h30] Cinq jours après le début de l’enquête sur l'agression d'Augustin à Lyon, le 26 août. le parquet a dévoilé les premiers éléments de l’enquête et a livré une version des faits qui contredit celle de l'entourage d'Augustin. 
Deux des quatre jeunes filles concernées par l'affaire sont revenues sur les faits pour CheckNews.  Elles assurent avoir étés accostées par un groupe d'individus mais réfutent la thèse de l'agression : "Ils étaient lourds et insistants mais ils ne nous ont pas touchées du tout".  Pour elles,"tout ce que les médias ont écrit est faux". 

Une affaire de harcèlement de rue ?

Les deux amies ont poursuivi leur récit. Il semblerait qu'elles aient été victime de harcèlement de rue :  "On était quatre copines en tout, on sortait du Monoprix, on était en train de rentrer chez nous. Là, sept garçons sont arrivés, ils nous suivaient, ils nous demandaient nos snaps. Ils étaient lourds et ils insistaient. Avec une copine, on est allées les voir, on leur a dit qu'on était en couple et qu'on n'était pas intéressées. C'est à ce moment-là qu'Augustin et son copain interviennent. Ils parlent avec les garçons, ils leur font remarquer qu'on n'a pas l'air intéressées."

L'une des filles a filmé la scène sur Snapchat. Dans la vidéo, l'on entendait Augustin intervenir : "Juste, on vous a vus, elles avaient pas l'air très réceptives, on voulait juste s'assurer".... La vidéo a été coupée à ce moment-là. 

Si les premiers échanges semblaient calmes, ils sont devenus rapidement houleux et auraient mené à un échange d'insultes entre le groupe d'individus et le jeune homme. "Ils ont proposé de se battre à un contre un. On a tenté de les raisonner en disant que cela ne servait à rien ", a assuré l'une des jeunes filles.

Alors que la tension était redescendue, Augustin aurait reçu un coup de poing dans la mâchoire.  "Tu m'as enlevé une dent, fils de pute",  aurait déclaré Augustin. Selon les jeunes filles, elles seraient restées avec lui. Au sol, il se serait relevé avec la ferme intention de se venger. 

Augustin s'est alors rendu par ses propres moyens à l'hôpital. Grégoire Richard affirmait que son frère souffrait d'une fracture de la mâchoire, de plusieurs dents cassées. et devait se faire opérer des cervicales. En réalité, il aurait eu une fracture mandibulaire et une lésion dentaire, pour laquelle il a du être opéré lundi.

Augustin s'est ensuite vu prescrire 21 jours d'ITT par le médecin légiste ce mercredi.  Selon le parquet, "les blessures constatées sont compatibles avec un coup unique porté au niveau du visage".

Deux versions s'opposent 

La version défendue par Augustin et son frère est tout à fait différente. Le 21 août au soir, le grand frère du jeune homme a publié un témoignage sur Facebook, assurant qu'Augustin aurait volé au secours de deux jeunes filles, vers 23 heures, à proximité de la place Bellecourt à Lyon. 

Il a suscité la polémique en décrivant les agresseurs de son frère comme "un groupe de cinq racailles colorées", reprenant ainsi le lexique de groupes d'extrême droite : "Voyant cela, mon petit frère Augustin de 17 ans a pris leur défense en retenant ces individus le temps qu'elles rentrent à l'abri dans le Monoprix. À cinq contre lui (...) ils l'ont fracassé gratuitement sans que personne n'intervienne, ni pour les filles, ni pour lui", a raconté sur Facebook le grand frère d'Augustin, Grégoire Richard, qui était présent lors de cette agression. Il a filmé la scène avant de la partager sur le réseau social. 

Des circonstances mystérieuses 

La famille d'Augustin avait porté plainte dimanche à la gendarmerie de Fontaines-sur-Saône. L'information avait été confirmée à l'AFP par une porte-parole de la police lyonnaise qui s'était.emparée du dossier dès le lendemain du dépôt de plainte. Le père d'Augustin avait assuré au Progrès que son fils avait été "entraîné vers les arbres", et "tabassé". Le parquet réfute cette version, en expliquant qu'après le coup de poing qu'Augustin a reçu, "le groupe de jeunes gens a quitté rapidement le lieux", explique le parquet. 

La police lyonnaise a affirmé qu'aucun appel n'avait été passé aux forces de l'ordre et aux pompiers par la victime ou d’éventuels témoins. "Le fait que, ni la police, ni les pompiers n'aient été contactés vendredi, et le dépôt de plainte deux jours après les faits incitaient à prendre du recul pour étudier la situation", déclare la police Lyonnaise. 

Le responsable de la supérette où s'étaient réfugiées les jeunes filles avait été interrogé par l'AFP. Il assurait n'avoir rien vu ni entendu le soir de l'agression. Il aurait pris connaissances des faits le lendemain. 

Des hommages et... une polémique

De nombreux membres de la classe politique de droite et d’extrême droite ont réagi à l'affaire tels que Laurent Wauquier (Président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes). ou encore Marine Le Pen. Certains comptes Twitter influents, de tendance nationaliste et d’extrême droite, se sont mobilisés pour faire apparaître le hashtag #JusticePourAugustin, en top tweet sur les réseaux sociaux. 

Les internautes sont partagés sur cette affaire. Certains sont de l'avis de l'entourage d'Augustin, d'autres réfutent la version de l’entourage du jeune homme, l'accusant de faire partie de l'Action française (école de pensée et mouvement politique nationaliste et royaliste d'extrême droite).

L'une des jeunes filles qui a filmé la scène sur Snapchat, serait victime de menaces de mort. "Tout le monde pense que je crache sur Augustin et qu'en plus on est contre les droits des femmes, mais en fait je trouve ça super qu'il soit intervenu comme ça. Juste, à la base, je tiens à dire qu'on n'a pas été agressées comme ce qui est écrit", déplore t-elle.

Les  jeunes filles remercient tout de même Augustin de s’être interposé : "C'était une bonne intention à la base, Il a fait preuve de courage car on aurait pu se retrouver en danger ". L'auteur du coup de poing court toujours, le parquet déclare que "les investigations se poursuivent activement aux fins de l'identifier".