Infirmière expulsée, soignants agressés : la honte nous menace tous

En première ligne face au coronavirus, les soignants deviennent la cible de nombreuses stigmatisations et agressions. Ce mardi 31 mars, une infirmière originaire de l'Hérault a été expulsée de son domicile par ses propriétaires, qui craignaient d'être contaminés par le coronavirus. Une enquête préliminaire a été ouverte.

Infirmière expulsée, soignants agressés : la honte nous menace tous
© dolgachov

Ils sont nos "héros". Infirmières, médecins, personnels soignants... En première ligne face au coronavirus, ils risquent leur vie chaque instant, pour sauver la nôtre. Mais comme dans toutes tragédies, le côté sombre de l'homme apparaît... Vols de masques, expulsions, insultes, les exemples ne manquent malheureusement pas...
Ce mardi 31 mars, une infirmière originaire de l'Hérault a été contrainte de quitter son habitation avec sa famille. La soignante, âgée de 37 ans, occupait le rez-de-chaussée d'une maison dans le village de Montarnaud avec sa mère, son mari, et ses deux enfants âgés de 20 ans et 3 ans.

Coupure d'eau et d'électricité... pour expulser une infirmière

Dans une interview accordée à La Gazette de Montpellier, l'infirmière explique avoir été expulsée par ses propriétaires qui logent à l'étage, un couple de 75 et 80 ans, qui craignaient d'être contaminés par le Covid-19. Afin de la forcer à quitter les lieux, ils auraient alors coupé l'électricité, l'eau chaude et l'antenne de télé, a-t-elle déclaré. 

A la rue, la soignante a été relogée dans un Airbnb à Montpellier le temps du confinement, tandis que le reste de la famille a trouvé refuge dans dans le studio de sa grande fille. Sa mère, elle, a dû regagner l'EHPAD dans laquelle elle logeait avant le confinement.

Une enquête préliminaire a été ouverte jeudi 2 avril par le parquet de Montpellier "afin d'établir si les conditions dans lesquelles cette personne a été amenée à quitter son domicile étaient susceptibles de recevoir une ou plusieurs qualifications pénales", a déclaré le procureur de Montpellier, Fabrice Belargent dans un communiqué. 

La mère de famille montpelliéraine est loin d'être la seule soignante à se retrouver stigmatisée durant cette période compliquée. "J'ai plein de collègues à qui il arrive pas mal de mésaventures et je trouve ça déplorable. La nuit dernière, j'ai encore un collègue qui s'est fait casser sa voiture. Si on était vraiment en guerre, mais vraiment totale, ce serait le chaos. Parce qu'au lieu de justement tous s'unir et d'être soudés, certaines personnes s'avèrent malsaines. Malheureusement", a-t-elle témoigné à France Bleu Hérault

Le personnel soignant agressé : l'Hôpital Lariboisière engage des gardes du corps 

Voitures cassées, vols, insultes, coups... Le personnel soignant subit des violences aussi bien physiques que verbales. A Paris, les médecins et infirmiers de l'hôpital Lariboisière, situé entre la station de métro Barbès-Rochechouart et la gare du Nord, sont régulièrement agressés à leur sortie du travail. 

"Avec le confinement, il y a beaucoup moins de monde dans la rue. On nous voit passer chaque jour par le même chemin, on sait où on va, on sait qui on est. Ceux qui ont décidé de s'en prendre à nous savent très bien où nous trouver", déclare un soignant à LCI. Pour faire face à ce fléau, des agents de sécurité ont été engagés pour escorter le personnel de santé jusqu'au métro.