Pâques, Pessa'h, Ramadan : comment ces fêtes se passent en confinement

Alors que les trois religions monothéistes s'apprêtent à célébrer des fêtes importantes, le confinement bouleverse les célébrations. Quid de Pâques ? Du Ramadan ou de Pessa'h ?

Pâques, Pessa'h, Ramadan : comment ces fêtes se passent en confinement
© dolphfyn/123RF

[Mise à jour le mercredi 8 avril à 14h24] Période particulière pour les religions en France. Alors que Chrétiens, Musulmans et Juifs s'apprêtent à célébrer des fêtes importantes de leur calendrier, chacun est chamboulé par le confinement qui change la donne... Emmanuel Macron a averti les Français, à l'occasion d'une audioconférence avec "les autorités morales et religieuses", le 23 mars : cette année, les fêtes religieuses devront être commémorées sans rassemblement. D'où viennent ces célébrations ? Comment va-t-on s'adapter à l'enfermement ? 

Pâques : 

Origine de la fête

Durant la semaine sainte, Jésus-Christ a pris son repas avec les apôtres le jeudi, a été crucifié le lendemain, et a ressuscité le dimanche de pâques. La fête célèbre donc la miraculeuse résurrection du Christ, qui a eu lieu autour de l'an 30. 

Cette année, les célébrations ont lieu dimanche 12 et lundi 13 avril.

Traditions

  • Le jour de Pâques, la tradition est d'offrir des œufs. Puisqu'ils sont interdits à la consommation pendant le Carême, la période précédant la fête, les œufs qui étaient pondus étaient conservés, puis décorés, pour être donnés le jour de Pâques. Désormais, ce sont plutôt des œufs en chocolat que l'on offre (et que l'on peut faire soi-même pendant le confinement)... pour le plus grand plaisir des enfants, qui apprécient tout particulièrement la traditionnelle chasse aux œufs dans le jardin !
  • Quant au lapin de Pâques, qui est censé déposer les friandises et les œufs, il représente le renouveau du printemps. Une légende païenne allemande raconte qu'une femme très pauvre avait décoré des œufs pour les offrir à ses enfants. Ces derniers sont tombés nez à nez avec un lapin qui passait par là, et ont alors cru que le petit animal avait lui-même pondu les œufs !
  • Le dimanche de Pâques, les Chrétiens ont l'habitude de prendre un repas traditionnel en famille, à base d'œufs cuisinés sous toutes les formes, d'agneau pascal, et de desserts en chocolat.

Les célébrations pendant le confinement

  • Les Chrétiens ne pourront célébrer les messes et autres célébrations publiques de Pâques pendant le confinement. Les offices des diocèses se dérouleront en huis-clos, pour la plupart. Au Vatican, la bénédiction Urbi et Orbi se déroulera sur la place Saint-Pierre le dimanche de Pâques, mais sans la présence de fidèles. 
  • "Les diocèses proposent de multiples moyens : les moyens télévisés, KTO (la chaîne de télévision catholique, NDLR), le Jour du Seigneur, les radios chrétiennes", a déclaré Theirry Magnin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, à l'Est Républicain. Par ailleurs, pour les Catholiques, un numéro vert a été mis en place : le 0806 700 772
  • Des alternatives sont trouvées pour vivre les célébrations le mieux possible pendant le confinement. Le diocèse de Troyes, par exemple, a proposé de recueillir les intentions de prières des fidèles afin qu'elle puissent être transmises aux "prêtres et communautés religieuses". 

Pessa'h :

Origine de la fête :

Pessa'h commémore la sortie d'Egypte des Hébreux, qui avaient été réduits en esclavage pendant de nombreuses décennies. Durant les deux derniers jours de la fête, c'est l'ouverture de la Mer Rouge en douze parties, permettant ainsi aux Hébreux de quitter l'Egypte, qui est célébrée. 

Cette année, les célébrations se déroulent du mercredi 8 avril au soir au jeudi 16 avril.

Traditions : 

  • La fête de Pessa'h est célébrée pendant 8 jours. Les deux premiers et deux derniers jours de fête, la plupart des travaux (utiliser l'électricité, écrire, conduire) sont défendus... Les jours restant sont considérés comme une "demi-fête", où la plupart des travaux sont autorisés.
  • Pendant cette semaine, la tradition est de consommer du pain azyme pour rappeler que les Hébreux, ayant fui l'Egypte avec précipitation, n'ont pas eu le temps de faire monter leur pain. Il est donc interdit de manger ou de posséder du Hamets, c'est-à-dire tout aliment ou boisson fait à partir de blé, de seigle, d'avoine, d'épeautre, d'orge, qui a levé. La semaine précédant Pessa'h, le domicile est nettoyé de fond en comble afin de retirer toute trace de Hamets.
  • Les deux premiers soirs de la fête, de grands repas (appelés Seder) sont organisés au cours desquels les Juifs consomment du pain azyme, des herbes amères ou encore de l'agneau pascal. Les parents récitent la Haggada, l'histoire de la sortie d'Egypte, afin d'en raconter les miracles aux enfants.

Les célébrations pendant le confinement :

  • Alors que les repas familiaux se déroulent souvent en grand comité pour la fête de Pessa'h, Francis Kalifat, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, a exhorté les communautés à rester à leur domicile pendant les soirées de célébrations. "Parce que nous sommes responsables les uns des autres, nous resterons chez nous, et nous ne prendrons pas le risque de transmettre ce virus à nos proches", a-t-il déclaré sur Twitter.
  • Quatorze rabbins de Jérusalem ont autorisé les personnes âgées et isolées à contacter leur famille en visio-conférence, avec le logiciel Zoom, pendant les premiers soirs de fête, durant lesquels l'utilisation de l'électricité est habituellement prohibée. Toutefois, ces permissions ont été contestées par le plus grand nombre, dont le grand rabbinat d'Israël, qui estime qu'il est impossible de "profaner un jour férié".
  • En Israël, un couvre-feu a été instauré, le premier soir de Pessa'h, à partir de 18h.

Ramadan : 

Origine de la fête : 

Le Ramadan est le nom du neuvième mois, dans le calendrier islamique. Laylat al-Qadr, la Nuit du Destin, qui correspond à la 27e du mois de Ramadan, est la plus sainte de l'année. Durant cette nuit, l'archange Gabriel a révélé le Coran à Mahommet. Pour commémorer cet évènement fondateur, le mois de Ramadan est consacré au jeûne, à la prière et à l'introspection.

Cette année, les célébrations devraient débuter dans la soirée du jeudi 23 avril au samedi 23 mai au soir.

Traditions : 

  • La soirée de Laylat al-Qadr est tout à fait propice à la prière. Les Musulmans pieux récitent donc des supplications et prières pendant une bonne partie de la nuit.
  • Tout au long du mois, la journée, on s'abstient de manger et de boire, de l'aube jusqu'à la tombée de la nuit. Durant les heures de jeûne, les pensées et activités sexuelles sont interdites. Fumer est également proscrit. Ces privations doivent permettent de se faire primer la spiritualité sur la matière, de pratiquer l'introspection et de faire pénitence.
  • Durant les soirées de ce mois, après l'appel à la prière, des repas en famille sont organisées pour la rupture du jeûne, l'iftar. Selon la tradition, on commence par manger des dattes et du lait. Les mets sont divers et variés : fricassés, bricks, harira, ou encore samossas à l'indienne....
  • L'Aïd el-Fitr sonne la fin de la période du jeûne et l'arrivée du nouveau mois. Des prières sont organisées, mais aussi des échanges de cadeaux ou de pâtisseries. Chacun revêt un nouveau vêtement et s'acquitte du don aux pauvres, la zakat al-fitr.

Les célébrations pendant le confinement :

  • Puisque le confinement sera probablement encore en vigueur pendant le début des célébrations, le 23 avril, l'observation de la nouvelle lune devra être effectuée, "dans la mesure du possible en mode physique à la mosquée de Paris", a expliqué le Conseil français du culte musulman (CFCM).
  • Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, estime que la pratique du jeûne "n'est pas affectée directement par le contexte actuel : celles et ceux qui remplissent les conditions du jeûne et sont en mesure de l'observer, l'observeront comme d'habitude".
  • Concernant les repas de rupture de jeûne, des réflexions sont entamées pour proposer des alternatives aux grandes célébrations familiales. Ainsi, des "distributions de repas répondant aux restrictions en vigueur" pourraient être organisées localement.

Les religions à l'épreuve du confinement

Les églises sont-elles ouvertes ?

Le président de la Conférence des évêques de France Éric de Moulins-Beaufort a précisé que les lieux de culte pouvaient rester ouverts pour la prière individuelle, à deux conditions : il faut qu'il y ait moins de vingt personnes dans l'église et que chacun respecte la distance de sécurité d'un mètre minimum.

Peut-on se rendre à la messe ?

Aucune messe ne sera célébrée, qu'elle soit dominicale ou en semaine, dans les églises. 

Les obsèques peuvent-elles être célébrées dans les églises ?

Les funérailles peuvent être célébrées dans les églises, mais, conformément aux récentes déclarations d'Edouard Philippe, seuls les membres de la famille proche sont autorisés à s'y rendre. Tous devront se tenir à distance les uns des autres.

Peut-on tremper le bout des doigts dans l'eau bénite ?

Tous les bénitiers ont été vidés de leur eau, par mesure de précaution.

Peut-on célébrer mariages, baptêmes ou communions dans les églises ?

Ces célébrations (particulièrement les mariages) sont "à reporter à des temps meilleurs", d'après les déclarations d'Éric de Moulins-Beaufort, mais elles restent autorisées en comité extrêmement restreint.

Les mosquées sont-elles ouvertes ?

Depuis le 15 mars, toutes les mosquées de France sont fermées "jusqu'à nouvel ordre", a indiqué le Conseil français du culte musulman (CFCM).

Les synagogues sont-elles ouvertes ?

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a demandé la fermeture de toutes les synagogues du pays depuis le 18 mars, "sauf exception".

Peut-on passer le Shabbat chez autrui ?

Il convient à chacun de rester chez soi, en petit comité, d'autant que les déplacements non indispensables ne sont pas autorisés.