Les forces de police s'en prennent aux femmes dans une manifestation parisienne : "C'était totalement disproportionné !"

Alors que le cortège de manifestants pour les droits des femmes se dirigeait samedi 7 mars vers la place de la République, les forces de police ont formé des barrages et ont procédé à des arrestations musclées. Des actes injustifiés, s'indignent certains...

Les forces de police s'en prennent aux femmes dans une manifestation parisienne : "C'était totalement disproportionné !"
© Derajinski Daniel/ABACA

La veille de la Journée internationale des droits des femmes, des cortèges de manifestants se sont retrouvés bloqués dans les rues de Paris par les forces de polices, entraînant quelques arrestations musclées. Les images des interventions policières ont circulé sur les réseaux sociaux et ont provoqué de nombreuses réactions de la part du gouvernement. La secrétaire d'État à l'Égalité homme-femme, Marlène Schiappa, a dénoncé dans un tweet: "Toutes les femmes doivent pouvoir manifester pacifiquement pour faire respecter leurs droits !", avant de préciser qu'un rapport avait été demandé par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner sur la façon dont se sont déroulés les événements du 7 mars. Caroline de Haas, militante du collectif #NousToutes s'est indignée, le 8 mars : "Hier soir, des féministes ont été frappées par les forces de l'ordre alors qu'elle manifestaient - notamment - contre les violences sexuelles. Emmanuel Macron, Christophe Castaner, Marlène Schiappa, comment avez-vous pu donner des consignes pareilles ?". Même réaction pour Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes.

"Des fourgons arrivent pour nous encercler"

La manifestation, déclarée, serait partie paisiblement de la place des Fêtes dans le XIVe arrondissement, et "s'est déroulée, pour la majeure partie de son parcours, dans une ambiance calme", a déclaré la préfecture de police. 

"Il y avait de la musique, des femmes avec des tambours, dans une ambiance très joyeuse, avec des gens qui ne vont pas forcément beaucoup en manifestation", a raconté une jeune étudiante de 18 ans à France Info. Le cortège de "plusieurs milliers de personnes" s'est dirigé vers la place de la République, où un dispositif policier avait été déployé. La tension est montée entre forces de police et manifestants.

Vers 22h30-22h45, "les policiers forment un barrage, un premier mur", a expliqué  à France Info une manifestante avant d'ajouter : "Une rue perpendiculaire permettant de quitter la manifestation en tournant à gauche est bloquée par un mur de CRS avec des boucliers. Des fourgons arrivent pour nous encercler. C'était totalement disproportionné. Ils commencent à bloquer une petite rue à droits. On aura juste le temps de sortir par là avant".

Une autre a assisté aux interpellations près de la place de la République: "On a vu les flics commencer à balancer les lacrymos et on est rentrées dans un bar pour se protéger. Les filles étaient encerclées à l'intérieur place de la République, c'étaient que des meufs. On les entendait chanter "police, violeurs, assassins !". Le journaliste de Brut, Remy Buisine, a filmé la charge des policiers et a partagé le clip sur Twitter. Une autre vidéo, filmée par @HZ_Press et reprise par le journaliste indépendant David Dufresne, montre les autorités policières entraînant de force des femmes et des hommes dans le métro parisien.

Pour la préfecture de police, "les manifestantes sont arrivées très tard..."

Si la préfecture de police reconnaît dans un communiqué que le rassemblement s'est déroulé en grande partie "dans le calme", ils maintiennent que l'intervention des CRS était justifiée"Les manifestantes sont arrivées très tard place de la République par rapport à l'heure prévue et ont refusé de se disperser".

En tout, neuf interpellations ont eu lieu. Une pour "jet de projectile", les autres pour "outrage et rébellion" ou "participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et des violences".