Patrick et Isabelle Balkany, condamnés à de la prison ferme : le verdict est tombé

Isabelle et Patrick Balkany ont été condamnés à, respectivement, quatre et cinq ans de prison ferme. L'avocat de l'ancien édile prépare un éventuel pourvoi en cassation.

Patrick et Isabelle Balkany, condamnés à de la prison ferme : le verdict est tombé
© Eliot Blondet/ABACAPRESS.COM

[Mis à jour mercredi 27 mai à 10h02] Patrick et Isabelle Balkany auraient été condamnés par la cour d'Appel de Paris, le 27 mai. Selon Europe 1, l'ancien édile écope de cinq ans de prison ferme et son épouse est condamnée à quatre ans, assortis de 100 000 euros d'amende chacun, pour blanchiment de fraude fiscale. La cour a également décidé d'une peine d'inéligibilité de 10 ans ainsi que l'interdiction de gestion d'une société commerciale. En outre, le moulin de Cossy a Giverny va être confisqué, sous réserve des droits des enfants des époux, Vanessa et Alexandre. Enfin, l'ex-maire de Levallois-Perret doit payer un million d'euros de dommages et intérêts à l'Etat. Toujours selon Europe 1, Me Dieudonné, l'avocat de Patrick Balkany, a souligné qu'ils disposaient de quelques jours pour se pourvoir en cassation et tenter de modifier le verdict.

Un long procès plein de rebondissements

En décembre 2019, lors des audiences de leur procès en appel, Patrick Balkany n'avait pas pu comparaître aux audiences du 16 et 17 décembre de son procès en appel pour fraude fiscale. Quelques mois plus tôt, c'était son épouse Isabelle Balkany qui ne pouvait pas être présente au procès en première instance, car elle était hospitalisée après fait une tentative de suicide.

Cette fois, l'épouse de l'édile ne manquait pas à l'appel, contrairement à son mari, qui se trouvait dans un état fragile à cause d'une tumeur au dos et était hospitalisé à Cochin pendant plusieurs jours pour une occlusion intestinale. "Les médecins considèrent qu'il n'est pas en état de comparaître aujourd'hui. Je ne sais pas ce qu'il en sera dans les jours prochains", avait précisé l'avocat du maire de Levallois-Perret, Romain Dieudonné, le 16 décembre. "J'accepte que les audiences se poursuivent en mon absence", a écrit Patrick Balkany sur une lettre remise à la présidente du tribunal. 

Isabelle Balkany : "Je n'ai jamais rempli de déclarations d'impôt et Patrick non plus"

Ce fameux 16 décembre, le suspense est à son comble. "Pendant un certain nombre d'années, vous avez fait des déclarations de revenus séparées alors que vous viviez ensemble au moulin de Cossy. Pourquoi ?", interroge la présidente du tribunal. Dès le début de l'audience, Isabelle Balkany met tout en œuvre pour défendre ses intérêts et ceux de son mari absent. "Quand on a été séparés (entre 1995 et 1997, ndlr), on nous a dit qu'il fallait faire deux déclarations d'impôts. Personne ne nous a jamais dit ensuite de refaire des déclarations communes, ça a continué mécaniquement", répond-elle, selon France Info.

Mais alors qui s'attelait donc à la tâche ? Selon la Première adjointe au maire de Levallois-Perret, c'était son expert comptable ainsi qu'une élue, receveuse des impôts de 80 ans, qui s'occupaient de remplir les déclarations d'impôts. "J'ai 72 ans et je n'ai jamais rempli de déclaration d'impôt et Patrick non plus", lâche-t-elle, selon l'AFP

Isabelle Balkany : "J'assume qu'on n'ait pas payé l'ISF"

Son aplomb et son audace déroutent l'audience. Mais Isabelle Balkany n'en démord pas. Elle rectifie les questions et affirmations des uns, interrompt les autres et s'autorise à "rappeler l'hôpital" en plein procès pour prendre des nouvelles de son époux. Entre 2010 et 2015, le couple a omis de payer l'Impôt de Solidarité sur la Fortune. "Je n'ai pas du tout l'habitude de rejeter la faute sur les autres. J'assume qu'on n'ait pas payé l'ISF. Ce merveilleux impôt tellement formidable qu'il a été supprimé", ose-t-elle déclarer.

Si l'on en croit l'épouse de Patrick Balkany, ses oublis fiscaux sont dus à son emploi du temps trop chargé et son engagement sans faille pour la ville de Levallois-Perret depuis des années. Dans un élan d'audace et de gouaille, Isabelle Balkany lance : "Les déclarations, il y a des personnes qui s'en occupent très bien et il y en a d'autres qui oublient. Regardez monsieur Delevoye." Une pique bien sentie à l'encontre du haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, qui a démissionné après avoir oublié de déclarer ses treize mandats auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.

L'audience s'était ensuite poursuivie l'après-midi du 17 décembre. D'après France Info, l'avocat d'Isabelle Balkany a indiqué qu'en ce jour de mobilisation nationale, le "barreau de Paris était gréviste", mais que cela n'empêcherait pas les avocats de plaider, compte tenu de la nature "hors norme" de ce procès "déjà audiencé dans un calendrier contraint".