Au Soudan, les femmes pourront enfin porter des pantalons

Après un été marqué par une révolution sanglante, les Soudanais crient victoire. Et les femmes aussi ! Le nouveau gouvernement vient d'abroger une loi qui interdisait aux Soudanaises de porter des pantalons ou qui permettait de les arrêter de manière arbitraire.

Au Soudan, les femmes pourront enfin porter des pantalons
© AP/AP/SIPA

Les Soudanaises pourront bientôt goûter à des libertés qui leur étaient restreintes. "Le Conseil des ministres a convenu lors d'une réunion extraordinaire d'annuler la loi sur l'ordre public dans toutes les provinces", a annoncé le 3 décembre l'agence de presse Suna. En effet, le nouveau gouvernement soudanais, dirigé par le Premier ministre Abdallah Hamdok depuis cet été, prône le renouveau pour les hommes et les femmes de ce pays blessé par une dictature militaire qui a enfin pris fin.
Après la révolution du peuple qui a poussé Omar El Bechir à quitter le pays après 30 ans de règne, les propositions du Premier ministre résonnent comme une renaissance. Des lois obsolètes dites "morales" seront bientôt abrogées pour permettre aux femmes de vivre plus librement. Sortir dans les rues, se mélanger aux hommes, porter des pantalons : ce sont autant d'interdictions qui pouvaient leur valoir une nuit au poste de police, des flagellations pour "tenue indécentes" ou des amendes, qui disparaîtront. D'après La Croix, le nouveau dirigeant a promis qu'il nommerait quatre femmes ministres dans son gouvernement. 

Droits et libertés : les Soudanaises au premier plan du nouveau gouvernement

"Cette loi a été utilisée pour exploiter, humilier et violer des droits fondamentaux. Elle a servi à asservir financièrement et psychologiquement les femmes. De nombreuses Soudanaises ont subi des préjudices intolérables. […] Je leur rends hommage", a expliqué sur Twitter Abdallah Hamdok, qui dit vouloir"rendre leur dignité aux Soudanais après des années de tyrannie". De nombreux Soudanais sont descendus dans les rues de Khartoum, la capitale, à l'annonce de cette nouvelle, pour fêter cette avancée.

Dans ce pays musulman frontalier de l'Egypte, le poids de la misère et des traditions pèsent lourd. De nombreuses jeunes femmes sont excisées, malgré, comme le rappelle La Croix, une loi interdisant cette pratique barbare par des professionnels de la santé, votée en 2003. Il reste donc d'énormes progrès à enclencher pour que les Soudanais puissent vivre décemment.

Le 25 novembre, les Soudanaises se sont mobilisées lors de la Journée internationale pour l'élimination des violences contre les femmes : une première depuis des années ! Autre signe de l'ouverture du pays : l'annonce d'une prochaine élection d'un ambassadeur américain au Soudan, ce qui ne s'était pas produit depuis 23 ans, comme le note RFI.