Les femmes ouïghoures doivent partager leur couche avec des inconnus du régime chinois
Dans un souci d'épuration ethnique, la Chine met les bouchées doubles. Après les "camps de rééducation", le gouvernement envoie ses hommes vivre et prêcher la bonne parole dans les foyers ouïghours, où ils prennent la place des maris détenus.
Après avoir enfermé leurs époux dans des geôles, voici qu'ils prennent leur place au sein du foyer. Le gouvernement chinois a mis en place un système d'"assistance" appelé "The Pair Up and Become Family" (Vivre ensemble et devenir une famille) permettant à ses cadres de vivre jour et nuit dans des foyers ouïghours, minorité musulmane vivant dans la région du Xinjiang, victime du projet d'"unicité ethnique" du pays depuis 2017.
Entre 2016 et 2017, 100 000 cadres ont partagé la vie d'une famille durant 6 jours, tous les deux mois, sous couvert de les remettre dans le droit chemin. Et ce chiffre est revu à la hausse pour cette année, d'après l'association Human Rights Watch, qui indique la mobilisation d'un million d'hommes dans des zones rurales.
Education des enfants, tâches ménagères, partage des repas (certains apportent alcool et viande de porc pour humilier les familles) bercés par des discours communistes forment ainsi le nouveau quotidien des femmes et enfants ouïghours."Ils les aident dans leurs idéologies, leur parlent de la vie et développent des sentiments l'un pour l'autre", résume un cadre du Parti communiste resté anonyme à Radio Free Asia. Selon lui "70 à 80 familles" sont concernées dans le district de Yengisar (Xinjiang).
Partager le lit d'une femme ouïghoure figure également dans le programme, mais il s'agirait seulement d'une question de confort! "Normalement, une ou deux personnes dorment dans un seul lit, et s'il fait froid, trois personnes", rapporte toujours le membre du parti.
Endoctrinement à domicile : la Chine transforme les foyers ouïghours en prison
Si aucun membre du foyer ne se plaint de cette présence quasi-militaire et envahissante, c'est que les familles qui refusent d'ouvrir leur porte à ces hommes ou de faire ce qu'ils souhaitent peuvent être arrêtées ou sujettes à des restrictions de tout ordre.
Aucun abus n'a donc été relevé pour le moment, mais, au début du mois d'octobre, la journaliste américaine Amie Ferris-Rotan partageait les témoignages de femmes victimes de viols, d'avortements et de dispositifs contraceptifs forcés, qui ont trouvé refuges en dehors de la Chine, dans les pages du Washington Post.
Human Rights Watch a dénoncé "ces pratiques d'assimilation forcée profondément envahissante". Pour Dolkun Isa, président du Congrès mondial ouïghour, les maisons sont "transformées en prisons dont il est impossible de sortir", lit-on dans Slate.
Près d'un million et demi de Ouïghours sont enfermés ou ont été détenus dans des camps de "rééducation".