La loi Schiappa contre le harcèlement de rue, efficace ou pas ?

Une des mesures de la loi Schiappa, qui visait à mettre fin au harcèlement de rue, entrait en vigueur le 5 août 2018. Un an plus tard, ce sont 713 amendes qui ont été recensées pour "outrage sexiste" dans la rue et les transports en commun. Un chiffre loin de satisfaire les associations, qui jugent le texte de loi insuffisant.

La loi Schiappa contre le harcèlement de rue, efficace ou pas ?
© ISA HARSIN/SIPA Marlène Schiappa

Qu'en est-il de la loi contre le harcèlement de rue un an après son adoption ? A-t-elle fait ses preuves ? C'était l'une des mesures de la loi Schiappa. En août 2018, l'Assemblée Nationale a voté un texte pour lutter contre le harcèlement sexiste dans la rue ou les transports. Il condamne "tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste, lorsqu'ils sont dégradants, humiliants, intimidants, hostiles ou offensants" par des amendes s'élevant de 90 à de 1500 euros en cas de circonstances aggravantes.  Quelques mois plus tard, en novembre 2018, Ifop publiait une étude dans laquelle 86% de femmes déclaraient avoir subi une forme d'atteinte ou d'agression sexuelle dans la rue. Depuis, 713 contraventions pour "outrages sexistes" ont été distribuées. Une donnée sur laquelle Marlène Schiappa a réagi sur le compte Twitter du Secrétariat d'Etat chargé de l'Egalité : "Il n'est plus permis et ne doit plus être toléré d'invectiver, de suivre, d'humilier les femmes en les harcelant dans la rue, les transports ou l'espace public !", lit-on sur le réseau social. La politicienne a également salué des "résultats encourageants". 

Loi contre le harcèlement de rue : une avancée insuffisante ?
Bien que cette avancée symbolique permette de mettre en lumière un problème que dénoncent les femmes depuis des années, des voix s'élèvent pour faire remarquer qu'elle reste insuffisante. "Il ne faudrait pas que le chiffre des verbalisations devienne le chiffre officiel servant à quantifier le phénomène", a expliqué Anais Bourdet, auteure du site Paye Ta Schek. Les 713 amendes recensées ne reflètent pas les 15 000 témoignages reçus sur son blog durant ces sept dernières années. Même son de cloche du côté de l'association Stop au Harcèlement de Rue. "C'est très éloigné de la réalité, car les femmes qui se font harceler, c'est tous les jours", a détaillé Julie Peigné. l'une des militantes. Les difficultés se poursuivent également dans les commissariats : "On leur demande si elles avaient bu ou comment elles étaient habillées, ou bien on leur dit que ce n'est pas grave, qu'elles vont s'en remettre". a-t-elle poursuivi. Les clichés ont la peau dure et le harcèlement de rue est encore bien loin d'être éradiqué.