FEMMES INDIGNES, le groupe secret Facebook entre humiliation et sexisme
"Femmes Indignes 6.0 résurrection" tel est le nom de ce groupe secret Facebook de 56 000 utilisateurs. Les membres(exclusivement des hommes) partageaient des photos volées de femmes nues, les humiliant avec de nombreux commentaires haineux et machistes. Il a (heureusement) été supprimé par le réseau social, mais la bataille n'est pas gagnée...
"Les traces de ceinture que ça mérite un cul pareil putain ". Ce genre de commentaire vulgaire et violent provient du groupe Facebook "Femme Indignes 6.0 résurrection". Révélé par 20 Minutes, cette page secrète interdite aux femmes rassemblait près de 56 000 hommes début 2017, leur permettant de partager des photos intimes volées, souvent prises pendant un acte sexuel.
Les clichés étaient assidûment commentés par les utilisateurs, qui humiliaient la gent féminine en la qualifiant de "LV", acronyme récurent pour "lave-verge" et "lave-vaisselle", de "chienne" et de toute forme de mobilier ménager et sexuel. "C'est quoi le point commun entre une LV et la loi ? Dans les deux cas, c'est plus simple de les violer que de les respecter", lisait-on en commentaire. Interrogée par les journalistes du quotidien gratuit, Marlène Schiappa a réagi en dénonçant un "mépris des femmes" et un "mépris de la loi" .
"Femme Indignes" a été supprimé par Facebook, la plateforme affirmant que "le groupe secret ne respectait pas les standards de la communauté en matière de nudité et de pornographie". Une plainte a été déposée par le Collectif Féministe Contre le Viol en mars 2018, laissant place à une enquête préliminaire ouverte par le Parquet de Paris pour "injure publique à caractère sexiste" et "incitation publique à la violence en raison du sexe". Elle a ensuite été confié à la Brigade de Répression de la Délinquance sur la Personne (BRDP) de la police judiciaire, avant d'être clôturée et à nouveau examinée par le Parquet parisien.
Femmes Indignes : un manque de coopération
Une première plainte avait été déposée par le Collectif en novembre 2017 pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" et "mise en péril de mineurs." D'après les informations de 20 Minutes, le groupe avait été fermé par Facebook quelques mois avant, à la suite de plusieurs signalements. Malgré la violence et la haine générée par le groupe, la plainte du Collectif a été classée sans suite en février 2018. En cause, les éléments trop peu nombreux concernant l'identité des jeunes femmes exposées. La deuxième plainte reçue un mois plus tard est encore en cours. Le délai peut paraître long, mais un problème de taille se pose pour les avocats : la non-coopération du réseau social complique l'affaire. "La plateforme ne s'est pas manifestée de façon positive. On se heurte au fait que le site soit régi par le droit américain", a confié une source proche du dossier à nos confrères du 20 minutes. Facebook refuse généralement de divulguer les noms des créateurs et autres membres de groupes privés tant qu'ils ne sont pas considérés comme terroristes ou pédopornographiques...
Femmes indignes : Quel sort pour les membres du groupe ?
Après un an de combat, une nouvelle pourrait bien faire basculer les choses : Cédric O, secrétaire d'État chargé du Numérique, a annoncé le 25 juin que le réseau social créé par Mark Zuckerberg s'engageait dorénavant à livrer les adresses IP demandées par les magistrats français. Mais la notion "d'injure publique" mentionnée dans la plainte gène les avocats. Le groupe est secret, les utilisateurs ne peuvent y avoir accès sans l'autorisation des fondateurs, ce qui engagerait normalement une injure privée. Pourtant, plus de 50 000 hommes étaient membres avant la première plainte... Trois solutions sont maintenant à envisager : le parquet peut classer la procédure sans sans suite, il peut décider d'ouvrir une information judiciaire ou choisir une citation directe, envoyant alors les personnes impliquées devant le tribunal. Une injure publique à caractère sexiste est punie de 6 mois de prison et de 22.500 euros d'amende.