Affaire Denis Baupin, la Justice du côté des femmes
Ce procès pour diffamation contre des journalistes de "France Inter" et "Médiapart" et ses accusatrices, Denis Baupin le souhaitait pour "laver son honneur". Pourtant, la Justice a relaxé les 8 prévenues qui, selon lui, se sont ralliées pour le salir. Accusé d'agression et de harcèlement sexuels par ses collaboratrices, Denis Baupin vient d'être condamné pour procédure abusive et doit verser 500 euros de dommages à chaque prévenu.
"La seule qualité de ce procès aura été de mettre en œuvre une impérieuse lutte contre le silence", s'est félicitée la magistrate à la fin du procès qui voyait s'affronter Denis Baupin, ancien maire-adjoint de Paris et 8 femmes, journalistes et collaboratrices, qui l'accusent d'agression et d'harcèlement sexuels, le 19 avril au Tribunal correctionnel de Paris.
Absent ce jour-là, l'ancien député EELV n'aura pas vu les sourires et le soulagement sur les visages de ces femmes assez courageuses pour témoigner à la barre. Victime de "SMS salaces", de "mains sur les seins" ou encore de "pied coincé dans la porte", leur courage a enfin été récompensé. Cyril Graziani, journaliste chez France Inter et Lénaig Bredoux, journaliste à Mediapart, figurent parmi les grands gagnants de ce procès pour diffamation. Grâce à eux, les plaintes des victimes de Denis Baupin ont pu être entendu.
Affaire Denis Baupin : coup de poker raté
La Justice vient de mettre au tapis Denis Baupin et ses rêves de voir condamner pour diffamation celles qui ont été victimes de ses demandes et gestes déplacés. Quoi de mieux pour un harceleur que de voir les plus hautes instances du pays traiter de menteuses ses victimes ? Bien heureusement pour les huit plaignantes, le Tribunal correctionnel de Paris s'est rangé de leur côté : Denis Baupin, qui a choisi de déserter la Cour, a été condamné pour procédure abusive et devra verser 500 euros de dommages à chaque prévenu qui en a fait la demande.
Celui qui criait au lynchage médiatique a donc perdu son procès, qui s'est tenu entre le 4 et le 8 février 2019 et qui avait défrayé la chronique et déchiré le parti d'Europe-Ecologie Les Verts.
Voilà trois ans après, l'ensemble des prévenus dans l'affaire #Baupin est relaxé! Avec la procédure abusive, c'est un jugement qui fait date pour la parole des femmes, et pour les enquêtes de presse sur les violences sexuelles. @cyrilgraziani @edwyplenel
— Lénaïg Bredoux (@LenaBred) 19 avril 2019
Affaire Denis Baupin : le serpent se mord la queue
Ce marathon face aux juges, c'est Denis Baupin lui-même qui en est à l'origine. Après la parution de témoignages en mai 2016 l'accusant d'agression et de harcèlement sexuels sur des collaboratrices écologistes dont Cécile Duflot et Isabelle Attard, une enquête est ouverte par le Parquet de Paris. Mais l'affaire est classée"sans suite" pour"prescription" en décembre de la même année. L'enquête "s'est attachée non seulement à recueillir les témoignages des victimes présumées qui s'étaient préalablement exprimées dans la presse mais aussi à entendre celles révélées par l'enquête", expliquait le procureur de Paris, François Molins. Ce sont donc la médiatisation des nombreux témoignages qui a desservi l'aboutissement de cette affaire.
Pour "laver son honneur" et rétablir la vérité, Denis Baupin, ancien Vice-président de l'Assemblée Nationale, décide d'attaquer en diffamation femmes et journalistes. Aujourd'hui, la Justice a rendu son verdict et beaucoup d'internautes et d'associations comme Osez le féminisme ! ou La Fondation des Femmes ont salué cette victoire pour la cause féminine et pour la liberté de la presse.
Je suis heureuse pour tous les prévenus de cette décision, infiniment méritée. J'ai une pensée douloureuse pour les dégâts humains que toute cette histoire a causé. A beaucoup de personnes.
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 19 avril 2019