Hijab de running chez Décathlon: à fond la polémique du voile islamique

L'enseigne sportive Decathlon a été vivement critiquée pour son choix de commercialiser un hijab pour la course à pied début février 2019. Agnès Buzyn et Gérald Darmanin ont dénoncé cette initiative commerciale qui participerait, selon eux, à accentuer l'inégalité entre les femmes et les hommes. Le magasin a renoncé à vendre ce produit en France. Le débat sur le port du voile est relancé...

Hijab de running chez Décathlon: à fond la polémique du voile islamique
©  ammentorp

Confronté à une "vague d'insultes et de menaces sans précédent", l'enseigne Decathlon a finalement renoncé le 26 février 2019 à vendre un "hijab de running" en France. Il a pourtant été "testé plusieurs fois par vingt femmes qui portent habituellement le hidjab"  notamment au Maroc et ces dernières l'ont "validé pour son confort et sa responsabilité". "Initialement développé et commercialisé au Maroc, à la demande de pratiquantes locales de course à pied", le hijab devait être "rendu disponible en France et partout dans le monde dans les magasins Decathlon qui en feront la demande", avait indiqué Xavier Rivoire, responsable de la communication externe de Decathlon United. Nike a déjà commercialisé ce type de produit  en noir, gris ou blanc, au prix de 30 euros sur le site Internet. 

Decathlon et son hijab pour le sport : une vague de haine disproportionnée 

Cette décision commerciale a connu un bad buzz immense. La marque Decathlon France a souhaité montrer l'ampleur de la crise médiatique qui touche les membres des équipes de vente et de gestion. Des menaces envers les employés et des réactions racistes. Un élu du parti Rassemblement National du nom de Thierry Devige va même jusqu'à interpeller la marque sur Twitter en tenant des propos... surprenants ! "En 1939 vous auriez commercialisé le jogging de la Gestapo parce qu'il y avait "une demande" ? "Le débat part dans tous les sens et les positions se font de plus en plus radicales face à un accessoire dont l'achat n'est obligatoire pour personne... 

© @Decathlon

Commercialiser un hijab de sport: un danger pour la liberté des femmes? 

L'association féministe "Les effronté-es" a revendiqué la possibilité pour les femmes voilées d'avoir une vie normale. Ce comité engagé tient à rappeler que "les femmes qui portent un voile ont le droit d'exister en France, d'être dans l'espace public, d'aller sur les plages, d'étudier, de gagner leur vie, de construire leur propre chemin d'émancipation comme chacune de nous le fait."

Le 26 février, c'est Agnès Buzyn qui sur RTL se prononçait contre cette idée de faire de la mode islamique une nouvelle tendance. Elle aurait "préféré qu'une marque française ne promeuve pas le voile". "Il est évidemment permis, et on sait bien que la laïcité en France permet le port du voile. C'est notre société. Mais personnellement, je n'ai pas envie qu'on favorise la différenciation entre les hommes et les femmes". La vente de ce produit pourrait, selon la ministre de la santé, accentuer les inégalités en France. 

Pour le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, cette proposition commerciale est choquante. Sur Europe 1, le 27 février 2019, il a déclaré : "Je préfère la liberté des femmes à la liberté de commerce". Et d'affirmer que la vente de hijabs pour courir pose en réalité "une question politique". "Ça me choque que l'on fasse de l'argent sur tout", "Le sport, comme l'école, doit être un lieu où l'on ne regarde pas les questions religieuses. Mais ce n'est pas une question de légalité, c'est une question politique". Gérald Darmanin rappelle ainsi que l'enseigne respecte la loi en commercialisant ce type de vêtement, mais que, selon lui, ce n'est pas tout à fait en accord avec la politique et les valeurs du gouvernement français. 

Tollé sur la Toile

Embrasement des réseaux sociaux, emballement journalistique, discrimination accentuée des femmes voilées, violence envers les salariés de l'enseigne... ce qui aurait pu rester une vente anecdotique (l'article n'a jamais été commercialisé en France, mais seulement au Maroc) est devenu controverse. La vente d'un hijab de course à pied a cristallisé les élans xénophobes et misogynes dans une société sous tension.