Bleus victorieux, femmes victimes : les agressions sexuelles entachent la fête
Des dizaines de femmes ont rapporté avoir été victimes d'agressions sexuelles dimanche, alors qu'elles fêtaient la victoire des Bleus. Dans les rues joyeuses, fières et surtout alcoolisées, ces violences sont passées inaperçues, jusqu'à ce que des témoignages viennent jeter une ombre sur les célébrations.
L'heure n'était pas à la fête pour tout le monde dimanche soir, après le coup de sifflet final de la Coupe du monde. De nombreuses femmes ont passé un très mauvais moment suite au sacre de l'équipe de France. Embrassées de force, attouchées dans l'indifférence générale alors qu'elles étaient ivres ou juste sans défense, elles ont décidé de parler. Sur Twitter, une internaute a créé un thread pour dénoncer ces agressions "Je vous laisse observer la soirée horrible que la délicatesse masculine a fait passer à beaucoup trop de femmes hier soir."
Je vous laisse observer la soirée horrible que la délicatesse masculine à fait passer à beaucoup trop de femmes hier soir...
— Kateya (@KateyaV) 16 juillet 2018
Différents médias se sont également emparés du sujet afin de faire réagir les victimes. Parmi eux, Néonmag a interrogé S. : "Il m'a embrassée de force en mettant sa langue dans ma bouche alors que je le repoussais violemment, me touchait les seins et à touché mon entrejambe pendant que je me débattais en pleurant. (...) Hier, j'ai cru me faire violer en plein milieu des Grand Boulevards. (...) C'était juste la Purge." Comme de nombreuses supportrices, la jeune femme n'a pu compter sur personne pour lui venir en aide et a constaté l'absence totale de réaction autour d'elle.
[Agression sexuelle] pic.twitter.com/L9Pmtpd5ib
— Kateya (@KateyaV) 16 juillet 2018
Ce qu'elle a vécu est également arrivé à Elena, contactée par l'Obs : "La rue n'était pas encore noire de monde car le match n'était pas fini. Les gens nous regardaient. Et ils criaient au type 'tu es le champion'. Tout le monde rigolait. Une seule dame est venue me voir à la fin et m'a dit 'pardon, je croyais que c'était un ami à vous'."
Les réactions s'enchaînent
Ces témoignages ont provoqué de nombreuses réactions, certaines positives et réconfortantes, d'autres totalement inappropriées. L'habituel blâme sur les victimes de harcèlement n'a pas tardé. "Vous en avez rien à foutre du football vous vouliez juste faire les folles , et ça c'est retourné contre vous", a lancé un twittos parmi d'autres.
faites pas genre d'etre sortie en toute innocence,si vous êtes sortie c'est pour chercher des mâles qui sont légion pour visionner ce genre d'évènement , vous en avez rien à foutre du football vous vouliez juste faire les folles , et ça c'est retourné contre vous :)
— pantalon (@89_karii) 16 juillet 2018
Le compte du Secrétariat d'Etat chargé de l'Egalité femmes hommes a partagé un tweet en référence aux nombreuses femmes agressées au moment où la France entière célébrait la victoire de l'équipe de France. Un rappel nécessaire de la loi française, qui punit ces agressions de 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende.
[#ArrêtonsLes] Il embrasse de force une femme durant les fêtes de la #CM2018 : C'est une agression sexuelle punie par la loi.
— Secrétariat dÉtat chargé de l'Égalité FH (@Egal_FH) 17 juillet 2018
En savoir plus : https://t.co/czXANlQ8nZ pic.twitter.com/cRGWTbErnv
Des incidents déjà dénoncés
Cette Coupe du monde 2018 aura définitivement été entachée par des affaires de violences sexuelles. La journaliste Mariana Zacarias, venue du Mexique pour couvrir le Mondial en Russie, a elle aussi été victime de plusieurs agressions. Alors qu'elle se préparait à intervenir face caméra, un homme a soudainement essayé de l'embrasser de force. Une seconde fois, elle a reçu une claque sur les fesses. Une autre fois, un inconnu l'a prise dans ses bras contre sa volonté. Elle a par la suite déclaré à l'AFP : "C'est désagréable, offensant et cela ne devrait pas avoir lieu. Nous sommes en train de faire notre travail, nous méritons le respect, qu'on soit un homme ou une femme." Ces incidents très médiatisés viennent étayer les nombreux témoignages relayés sur la toile et confirmer que les femmes sont encore trop souvent victimes de violences, même quand l'heure est à la joie.