La vulve normale n'existe pas, la science l'a prouvé
Alors qu'une majorité de femmes sont embêtées par l'apparence de leur sexe, une étude suisse vient de révéler qu'il n'existait pas de vulve standard. Cette évidence n'a pas attendu des données scientifiques pour être mise sur le tapis. De nombreux projets artistiques ou engagés ont fleuri ces dernières années avec pour objectif de lever le tabou autour du corps de la femme. Parce qu'en 2018, il serait temps d'aimer son minou.
[Mise à jour du 04/07/18 à 17h45] Que celles qui trouvent leur vulve trop petite ou trop grande soient rassurées : il n'existerait pas de sexe standard ou "normal". C'est ce qu'a prouvé une étude suisse réalisée auprès de 657 femmes caucasiennes âgées de 15 à 84 ans dont l'objectif consistait à déterminer une norme... en vain. La grande variété de l'anatomie féminine a surpris les chercheurs dans leur quête. La taille des grandes lèvres observées oscillait entre 12 et 180 millimètres, alors que les petites lèvres faisaient de 5 millimètres à 10 centimètres. La longueur du clitoris s'échelonnerait de 7 à 34 millimètres. Ces mesures seront d'ailleurs utilisés par les médecins pour rassurer leurs patientes complexées et prêtes à subir une labiaplastie.
Si la science nous prouve aujourd'hui que chaque vulve est unique, certaines n'ont pas attendu de telles données pour souligner la diversité du sexe féminin. Et quoi de mieux que l'art pour illustrer cette évidence ? Hilde Atalanta, dessinatrice vivant à Amsterdam, s'est donnée pour mission de déconstruire le tabou autour du vagin grâce à ses crayons et à Instagram. Sur son compte The Vulva Gallery, elle publie quotidiennement une illustration de sexe féminin, accompagnée d'informations ou d'anecdotes sur le sujet. Un moyen d'offrir un autre regard sur l'organe génital et de permettre aux femmes d'accepter leur corps tel qu'il est.
Après s'être inquiété de l'apparence de leurs hanches, de leur ventre et de leurs jambes, les femmes sont obsédées par la quête du sexe parfait. Se plaignant d'une vulve informe, d'un vagin trop large ou trop étroit, la gent féminine ne parvient pas à accepter les formes que la nature lui a donné.
Le site Fstoppers estime que plus de 70% d'entre elles seraient mal à l'aise avec l'aspect de leur sexe. Un malaise qui peut être provoqué par une connaissance trop approximative de l'anatomie : plus de 50% ne connaissent pas l'apparence d'une vulve dite normale.
Une première étude sur le clitoris en... 1998
Organe mal-aimé, le clitoris est passé aux oubliettes au XIXe, jugé inutile et dangereux et "sans aucune fonction reproductive", d'après Jean-Claude Piquard dans La Fabuleuse histoire du Clitoris. La première étude consacrée au bouton de plaisir date de 1998, selon Slate, ce qui fait du sexe féminin un organe encore inconnu en 2018. Grands absents de la culture pop mais aussi de l'histoire de l'art, les cramouilles sont aujourd'hui mal représentées. Un écart considérable entre image réelle et image idéale est alors creusé. Dans une société où l'apparence est reine, un complexe est très vite né, menant les femmes à porter un regard sévère sur leur anatomie.
La taille du sexe ne préoccupe pas que les hommes. Certaines femmes optent pour des opérations telles que la nymphoplastie ou la labioplastie. Ces interventions sont désormais remboursées par la sécurité sociale. Si ces démarches radicales tendent à donner aux femmes une vulve "parfaite", nombreux sont les artistes qui préfèrent véhiculer une image positive du sexe féminin à travers leurs travaux.
L'art, destructeur de tabous
Afin de briser la mode de la vulve dynamique et jeune, ils préconisent une acceptation de sa cramouille, de ses qualités comme de ses défauts pour aider les femmes à se sentir mieux dans leur peau. A l'image de Layla Martin et de son projet photo"Vaginas are beautiful" ou "Les vagins sont beaux" . L'artiste invite la gent féminine à se faire photographier le sexe pour pouvoir le redécouvrir avec leur partenaire. Pour ce faire, la démarche est très simple : une table sur laquelle les modèles écartent les cuisses et un appareil photo équipé d'un bon flash. De ce qu'on peut voir sur la vidéo ci-dessous, la découverte des photos suscite une grande émotion. Entre larmes et agréables surprises, les femmes se débarrassent du regard critique qu'elles peuvent avoir sur leurs propres corps.
Layla Martin n'est pas la première à utiliser l'art comme arme anti-clichés. Avec son Great Wall of Vagina, Jamie McCartney lève le voile sur des complexes qui n'ont pas lieu d'être. Cette sculpture faite de plâtre expose une série de 400 sexes de femmes. Contre la vulve parfaite, certaines se rebellent, notamment Emma à travers un Tumblr qu'elle a nommé "Projet grosses lèvres", en anglais. Elle y réunit une multitude de photos d'organes génitaux reçus du monde entier.
Un seul but réunit ces entreprises artistiques : celui de recréer l'image de la femme à travers l'art et de mettre en avant une différence qui devrait être perçue comme enrichissante. D'autres projets fonctionnent selon le même principe en prônant un activisme anti-sexiste comme le blog Courageaous Cunts ("cunts" qui veut dire à la fois "salope" et "vagin" en anglais). Ce dernier propose le téléchargement de son logo en PDF : un entrejambe féminin apposé sur une main faisant un doigt d'honneur. Les créateurs incitent les lecteurs à imprimer et à coller ce logo où ils le désirent.
In #Miami now!! Limited edition photos of each panel of the @GreatWallVagina - Meet me at @ARTundressed tonight... :) pic.twitter.com/vR9qDtHxKZ
— Jamie McCartney (@Plastercaster) 20 novembre 2014
Betty Dodson a opté pour une autre approche. Depuis plus de trente ans, cette éducatrice sexuelle américaine organise de nombreux ateliers pendant lesquels les femmes s'ouvrent librement pour parler de leurs corps et montrer leurs organes génitaux. En 1974, elle publie un livre intitulé Sex for one, dans lequel elle montrait déjà des dessins de différents types de vulves. L'instagram "Vagina Guerilla" publie à son tour des dessins colorés et d'autres créations prenant la forme de vulves féminines afin de détruire les tabous.
Simple, mais efficace ; le projet de Layla Martin tend à apporter un nouveau regard sur le sexe féminin, pour le découvrir et enfin se familiariser avec. Sur son site officiel, elle déclare vouloir libérer les femmes et les hommes pour qu'ils puissent être leurs propres personnes.
Cette volonté, elle la tire de son expérience personnelle de femme : "Je me rappelle de mon choc, lorsque j'ai appris que mon compagnon pensait que mon sexe était beau. Ça me semblait tellement étrange." Un défi relevé à en croire les réactions de ses fidèles lecteurs.
Entre érotisation des grosses lèvres et acceptation d'un organe que les femmes ne connaissent encore que très peu, Layla Martin se classe au même rang que ces artistes. Pourtant, ils n'en sont pas les précurseurs ; L'Origine du Monde de Gustave Courbet de 1866 était le premier travail artistique laissant entrevoir un sexe féminin. Le sexisme omniprésent et les diktats de la mode dans les médias ont contribué à la montée d'un tabou qui touche de trop nombreuses personnes. Reste à savoir si l'art peut guérir les maux internes des femmes.