Politique : un binôme homme-femme dans chaque canton

Le Parlement a adopté définitivement mercredi, par un ultime vote de l'Assemblée nationale, la réforme des modes de scrutin locaux, qui instaure l'élection dans chaque canton d'un binôme homme-femme.

Ce projet de loi, défendu par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et rejeté à plusieurs reprises au Sénat, a été voté par 273 voix pour (les socialistes et quelques radicaux de gauche), 247 contre (l'UMP, l'UDI, le Front de gauche et une majorité des radicaux de gauche) et 20 abstentions (principalement les écologistes).
Il prévoit que les électeurs désigneront tous les six ans, au scrutin majoritaire à deux tours, un binôme homme-femme pour les représenter au conseil départemental, futur nom du conseil général. Actuellement, seulement 14% des conseillers généraux sont des femmes.
Pour entrer en vigueur, le texte doit encore passer l'obstacle du Conseil constitutionnel, saisi d'un recours annoncé dès mercredi après-midi par les sénateurs et députés UMP et UDI.
Pour ne pas modifier le nombre total de conseillers, le nombre de cantons sera divisé par deux (de 4 000 à 2 000), ce qui implique un redécoupage du ressort du ministère de l'Intérieur. La carte des cantons est restée dans son ensemble inchangée depuis 1801.

L'opposition a une dernière fois, mercredi, ironisé sur le binôme "deux personnes élues ensemble mais exerçant séparément leur responsabilités", a souligné François Sauvadet (UDI) et surtout pourfendu le redécoupage des cantons, qui constituera "le plus grand tripatouillage électoral de la Vème République", toujours selon l'ancien ministre.

Le Front de gauche s'est déclaré aussi très opposé à l'élection au suffrage universel des délégués intercommunaux, jugeant qu'elle va dans le sens "de la mort des communes". "Le binôme ne correspond pas à la réalité du terrain", a jugé le radical de gauche Alain Tourret pour expliquer le vote hostile de la majorité de son groupe.

Manuel Valls, qui a vanté une nouvelle fois un nouveau mode de scrutin permettant "la proximité, la diversité et la parité", n'a trouvé une oreille favorable que chez le socialiste Carlos Da Silva, qui a déclaré être "immensément fier" de voter "une petite révolution".

De même, le PS s'est "réjoui" dans un communiqué de l'adoption du texte, estimant qu"il y avait urgence d'agir afin d'y instaurer la parité", tandis que la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a salué "un pas important pour la parité".

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Parité en politique : un binôme homme-femme dans chaque canton © PHILETDOM - Fotolia.com